ALLOCUTION DU PRESIDENT DU FPI Pascal AFFI N’Guessan lors de la cérémonie de présentation de voeux du nouvel an 2017 à Abidjan au QG du FPI.
Abidjan,samedi 28 JANVIER 2017
Ivoiriennes, Ivoiriens,
Chers Compatriotes,
Chers amis de la Côte d’Ivoire,
Militantes et militants,
L’actualité sociopolitique nationale ne se prête pas à des mondanités. Au contraire nous avons des raisons de nous vêtir de haillons et de nous couvrir de cendres et de boue, comme certaines traditions le prescrivent dans les moments de grande affliction comme celui que nous vivons actuellement. Mais d’autres traditions dont nous avons héritées de l’Extrême-Orient depuis les temps très anciens, de l’Europe depuis le Moyen âge, recommandent qu’à l’occasion du nouvel an, des hommes et des femmes qui vivent ensemble, partagent une cause commune, entretiennent des relations d’amitié ou d’affaires échangent des vœux, soit pour se rappeler les uns à la mémoire des autres, soit pour se féliciter des relations fructueuses qui ont marqué l’année écoulée ou prendre des engagements pour l’année nouvelle.
Cette tradition a résisté au temps et aux circonstances. En France, elle fut abolie en 1791, la Révolution française estimant que le jour de l’an est « un jour de fausses démonstrations, de frivoles cliquetis de joues, de fatigantes et avilissantes courbettes »… en conséquence elle a prescrit « qu’aucun citoyen ce jour-là, ne s’avise de baiser la main d’une femme, parce qu’en se courbant il perdait l’attitude mâle et fière que doit avoir tout bon patriote ».
Victoire éphémère puisque la tradition des vœux du nouvel an fut rétablie six (6) ans plus tard (1797). Le « bonne année » fait désormais partie de notre patrimoine culturel. Pour les enfants, c’est l’occasion de « bonne année l’argent » ; pour les adultes c’est le moment des paniers chargés de cadeaux de toutes natures accompagnés d’une carte de visite ou de vœux ; pour les Institutions et Organisation économiques, sociales et politiques, c’est le temps des retrouvailles, du bilan et des perspectives. Nous sommes rassemblés ce jour pour sacrifier à cette tradition. Merci à tous d’être venus nombreux honorer de votre présence cette cérémonie qui me donne l’agréable occasion de vous adresser et à travers vous d’adresser à tous nos compatriotes et au monde entier mes vœux sincères de bonne et heureuse année 2017.
L’année 2016 qui vient de s’achever part avec son lot de satisfactions, mais aussi d’espoirs déçus, de meurtrissures et d’amertume.
En Janvier 2016, la rencontre qu’une délégation du Front Populaire Ivoirien avait eue avec le Chef de l’Etat, au Palais de la présidence, avait suscité l’espoir que 2016 serait l’année de la concorde nationale et de la paix. Hélas ! Un an après, force est de constater que la situation nationale ne s’est guère améliorée. On peut même affirmer, au regard de l’actualité, qu’elle s’est gravement dégradée et que le pays est au bord du chaos.
La grande majorité des prisonniers politiques (civils et militaires) croupissent toujours en prison.
Les procès politiques se sont poursuivis au cours de l’année 2016 sans retenue dans des conditions humiliantes et dégradantes, en violation flagrante des droits de la personne humaine. De hauts gradés de l’armée nationale continuent d’être otages du régime, détenus au secret depuis six (6) ans. Plusieurs hautes personnalités politiques sont détenues sans jugement dans des prisons de haute sécurité comme des terroristes. A longueur de journée, les condamnations pleuvent au rythme du marteau d’une justice aux ordres. Le processus de réconciliation nationale et de restauration de la cohésion sociale est en panne.
Des centaines de milliers d’Ivoiriens continuent de vivre le calvaire de l’exil à travers le monde entier.
Les comptes bancaires et les avoirs financiers de dizaines de cadres de l’opposition sont toujours bloqués. De nombreux autres cadres sont privés d’emplois ou de promotions pour des raisons politiques ou ethniques. L’Administration publique est devenue une annexe de la coalition politique au pouvoir, qui s’est accaparée toutes les ressources humaines, matérielles et financières de l’Etat.
A toutes les victimes du régime, à nos Camarades injustement et illégalement incarcérés depuis tant d’années, au Président Laurent Gbagbo, à Simone Gbagbo et à Charles Blé Goudé, à tous les Officiers Généraux, Officiers Supérieurs, Chefs de Corps et militaires du rang de l’Armée ivoirienne pris en otage par Alassane Ouattara, je voudrais au nom de toute la grande famille du FPI et de tous les Ivoiriens épris de paix et de justice, adresser mes sentiments de solidarité et d’encouragement.
La charge de gouverner une nation n’est pas un chèque en blanc, une licence, une franchise, pour martyriser le peuple, pour promouvoir ses enfants, cousins et neveux, pour enrichir ses amis et pour récompenser ses soutiens et alliés, mais un devoir, une responsabilité pour promouvoir la prospérité nationale et satisfaire les besoins des citoyens et de la collectivité.
Mais comment promouvoir la prospérité nationale quand l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle sont les parents pauvres du système éducatif, quand la Recherche Scientifique et l’Innovation Technologique sont en marge des préoccupations gouvernementales, quand l’initiative privée est contrariée par un environnement administratif, juridique et financier délétère, quand les tenants du pouvoir sont tous des hommes d’affaires qui exercent contre les entreprises une concurrence déloyale, les soumettent à des charges fiscales insupportables, à des contrôles fiscaux intempestifs, n’honorent pas leurs factures sinon de façon sélective et discriminatoire.
La monopolisation du pouvoir politique et l’hégémonie qu’exerce la coalition au pouvoir sur la vie politique, économique et sociale du pays, ne laissent aucun espace à la liberté syndicale, aux revendications sociales, et à un jeu politique équitable et démocratique.
C’est avec amertume et effarement que le FPI, la Communauté nationale et internationale ont dû faire le triste constat de la quasi-totale indifférence du Chef de l’Etat sur les questions essentielles et fondamentales pour la stabilisation et la normalisation de la vie socio-politique en Côte d’Ivoire.
La morosité de l’environnement politique a pour corollaire la dégradation des conditions de vie des populations. Malgré les chiffres mirobolants sur les performances économiques du pays, malgré les discours d’autosatisfaction et d’autocélébration, le fossé se creuse dangereusement entre les pauvres, c’est-à-dire l’immense majorité des Ivoiriens, et les membres du clan au pouvoir.
Les pauvres sont chassés sans ménagement de leurs habitats (précaires) afin que les riches bâtissent leurs résidences princières.
A travers les émeutes liées à l’augmentation des factures de l’électricité et à la cherté de la vie (22 juillet 2016), les affrontements intercommunautaires à Bouna en mars et novembre 2016 (près de 100 morts), les pillages à Korhogo, Daloa, Bouaké, etc., à travers les attaques sporadiques d’hommes en armes à Grabo, à Grand-Bassam (13 mars 2016), à Sipilou (22 décembre 2016), etc., à travers les actes d’incivisme et de défiance à l’autorité de l’Etat à Aboisso (17 novembre 2016), à Assuéfry (6 et 7 mars 2016, 4 morts), à Divo, etc., à travers les grèves à répétition des fonctionnaires et agents de l’Etat, c’est toute la société ivoirienne qui suffoque, qui convulse et qui crie sa souffrance.
Comment alors s’étonner du faible taux de participation aux élections législatives de décembre 2016. Ce taux confirme le désenchantement, la désillusion des Ivoiriens et leur désaffection vis-à-vis de la vie politique de leur pays, observée depuis la crise politique de 2010-2011. Le pays s’est effondré et il peine à se relever.
Le printemps des candidatures indépendantes aux élections législatives depuis 2011, les tonnes d’espèces sonnantes et trébuchantes déversées pour séduire les électeurs et arracher leurs suffrages, la corruption généralisée qui gangrène le processus électoral indiquent que le pays est livré aux ambitions personnelles et aux plus offrants, en particulier aux hommes du pouvoir scandaleusement enrichis par le détournement sans vergogne des deniers publics. La compétition électorale a perdu son caractère politique et démocratique.
Le FPI en a fait les frais, il a été victime de la désaffection des électeurs d’une part et de la marchandisation du vote d’autre part. Mais les résultats décevants que nous avons enregistrés, au lieu de nous assommer, doivent nous interpeller et nous inviter à davantage de présence et d’engagement sur le terrain et auprès des populations. Ils signifient que le processus de restauration du parti entamé en 2013-2014 n’est pas arrivé à maturité.
Toutefois le fait notable et significatif est que pour son retour dans le jeu électoral, seize (16) ans après les législatives de 2000 et cinq (5) ans après la grave crise postélectorale qui l’a complètement déstructuré, le FPI a pu aligner cent quatre-vingt-sept (187) candidatures, 187 cadres du parti qui, pendant des semaines, accompagnés par des milliers de militants, se sont admirablement battus sur l’ensemble du territoire national pour défendre les couleurs, les idéaux et les positions du parti. C’est avec eux que nous ferons en sorte que l’effondrement de notre pays ne soit pas total et définitif. C’est avec eux que nous conclurons avec les Ivoiriens une nouvelle alliance pour une nouvelle espérance.
En tout état de cause, le FPI est de retour à l’Assemblée Nationale, avec une petite équipe certes, mais pour une puissante action. C’est le lieu d’adresser mes vives félicitations à tous nos candidats et de saluer tout particulièrement les camarades N’GUETTIA Yao Kouma, KOFFI Kra Paulin et KOUAME Amalaman Gilbert qui ont gagné respectivement à Gouméré, à Sorobango et à Bongouanou Commune. Pour ma part, je profite de l’occasion de cette cérémonie, pour remercier du plus profond de mon cœur les populations des Sous-Préfectures d’Andé, d’Assié-Koumassi, de N’Guessankro et de Bongouanou qui m’ont encore une fois témoigné leur confiance et leur soutien en me confiant le mandat de les représenter à l’Assemblée Nationale.
La Côte d’Ivoire est une ‘’terre d’espérance’’, un pays de convergences et d’hospitalité, une nation de la diversité, donc de tolérance, d’égalité et de liberté. Un pays de paix. Ces valeurs cardinales exaltées par notre hymne national et qui ont fondé hier la prospérité et le prestige de notre pays, sont aujourd’hui bafouées, méprisées et piétinées. La fraternité a été assassinée, l’Etat n’est plus l’incarnation de la volonté générale, mais celle des vainqueurs du 11 avril 2011.
L’Etat n’est plus le garant des libertés, de la justice, de la sécurité et de la propriété, mais un instrument de domination, d’exclusion et d’exploitation du peuple par le clan au pouvoir. L’intérêt général a été enseveli au profit des intérêts particuliers et des particularismes. Le gouvernement du pays est privatisé, tribalisé, clanisé. Le pays est soumis à la loi des armes et a tourné le dos aux armes de la loi. Depuis trois longues semaines, le pays est à nouveau livré au désordre et à l’insécurité. Comme vous le savez, toutes les unités des Forces de Défense et de Sécurité se sont mutinées. Concomitamment, l’Administration publique, et par conséquent la majeure partie de l’activité économique et sociale du pays ont été paralysées par une grève des fonctionnaires et agents de l’Etat.
Le 18 janvier dernier, j’ai animé ici même au siège un point de presse pour analyser ces évènements et livrer la position et les propositions de notre parti. Depuis, la direction du parti et les leaders de l’AFD sont en campagne pour partager avec les forces vives de la nation notre diagnostic et les solutions que nous proposons.
Parce qu’il refuse avec obstination d’emprunter la seule voie de rédemption pour notre pays, celle qu’attendent avec impatience nos compatriotes, la voie de la réconciliation nationale et d’une paix durable en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a échoué.
Alassane Ouattara et ses gouvernements successifs ont échoué à restaurer la paix, la stabilité, et la prospérité dans notre pays.
Ils ont échoué à réconcilier les Ivoiriens, à restaurer l’unité nationale et la cohésion sociale. Ils ont échoué à promouvoir une justice indépendante, impartiale et crédible. Ils ont échoué à bâtir une armée républicaine unie dans un même esprit, à garantir la stabilité du pays et à assurer la sécurité des personnes et des biens.
Ils ont échoué à conduire une saine gestion des deniers publics et à préserver le pays de la corruption, du népotisme et du clientélisme.
Ils ont échoué à améliorer les conditions de vie des Ivoiriens, à créer des emplois et à améliorer les revenus des travailleurs, à combattre la cherté de la vie, à démocratiser l’accès à l’éducation, à la formation professionnelle, aux soins de santé, à des logements décents, etc.
Ils ont échoué à restaurer l’image et le prestige de notre pays. Ils ont divisé les Ivoiriens. Ils viennent de faire exploser l’armée.
Et pourtant cinq (5) années durant, toute l’opposition ivoirienne s’est prêtée au jeu du dialogue politique avec le gouvernement, comptant sur son sens de l’intérêt national et sa bonne foi pour restaurer la paix et la stabilité sociopolitique, réconcilier les ivoiriens et restaurer la cohésion sociale. De façon constante les Nations-Unies, la Société Civile ivoirienne, les Organisations confessionnelles ont instamment invité le Chef de l’Etat à faire preuve de hauteur et d’humanité, à abréger les souffrances morales des millions d’Ivoiriens que la détention abusive ou l’exil prolongé de leurs compatriotes affligent. Je me souviens de cet appel pathétique du Cardinal Jean-Pierre Kutwa à l’occasion de la rentrée pastorale 2016-2017, le 22 octobre 2016 : « vos ambitions pour notre pays ne doivent vous opposer que le temps de la campagne électorale ! Notre pays est encore jeune et ne peut se permettre de se passer des compétences avérées de certains fils, au seul motif qu’ils ne partagent pas nos convictions politiques, ou parce qu’ayant été battu lors des joutes électorales. Il est temps, que l’indulgence, telle que proposée par le Saint Père à l’occasion de l’année de la miséricorde, s’applique à tous les fils de ce pays ! Oui, il est temps que nos prisons se vident de ceux qui n’ont rien à y faire.
Je me permets de faire cette adresse en premier à ceux qui président aux destinées de notre pays : au nom du Seigneur, allez vous réconcilier avec vos frères ; prenez sur vous de créer les conditions vraies pour un retour sans crainte de ceux de nos frères qui sont en exil, dans des conditions de vie pas toujours reluisantes ! »
Dans ce même souci, les Evêques catholiques de Côte d’Ivoire, à la clôture de la 105è Assemblée qui s’est tenue à Katiola, du 17 au 22 janvier 2017, ont adressé ce message poignant à toute la nation : « …. Force est de reconnaitre qu’un malaise social persiste au sein de la population. Des sentiments de frustration et de révoltent habitent encore les cœurs de nombre d‘Ivoiriens. Les procès en cours, loin d’apaiser les esprits, suscitent des passions et des inquiétudes. Certain de nos compatriotes sont encore injustement détenus en prison. Et d’autres vivent en exil, loin du pays. Beaucoup de combattants et militaires impliqués dans les crises successives qui ont secouées notre pays ne sont pas sereins, quant à leur avenir. De nombreux jeunes qui avaient espéré une vie meilleure en s’engageant aux côtés des politiciens expriment de plus en plus leur déception et leur amertume. Tout ce climat délétère, si nous ni prenons garde, risque de compromettre gravement tous les acquits enregistrés fruit de nos efforts.
C’est pourquoi nous invitons instamment toutes les composantes de la SOCIETE IVOIRIENNE A SE RETROUVER AUTOUR D’UNE MEME TABLE pour débattre de toutes les questions relatives à la sécurité, à la cherté de la vie, au chômage des jeunes, aux conditions de travail, à la situation salariale, etc.
A vous nos gouvernants, (…) vous avez certes permis la libération des prisonniers et le retour de plusieurs exilés, mais nous vous encourageons à faire davantage pour parvenir à la mise en liberté de tous les détenus des crises militaro-politiques qui se sont succédées dans notre pays. »
L’attitude dilatoire et la surdité du gouvernement n’ont pas permis au pays de tirer profit de toutes ces opportunités. Sa démarche solitaire, illégale et illégitime pour imposer au peuple ivoirien sa Constitution de la 3ème République a définitivement enterré la solution de dialogue politique. Nous en prenons acte.
Il y a un temps pour chaque chose. Le temps d’une lutte acharnée pour les libertés, la justice, la démocratie et l’alternance a sonné. Aujourd’hui, Alassane Ouattara et son gouvernement payent le prix de leur mauvaise foi.
Leurs choix stratégiques dictés par le ressentiment, la soif de vengeance, la logique de prédation et l’esprit de clan ont conduit le pays dans l’impasse.
Certes les fonctionnaires et agents de l’Etat viennent de suspendre leur mot d’ordre de grève après les concessions faites par le pouvoir. Nous nous en félicitons et voudrions ici saluer le courage, la détermination et le sens des responsabilités des 62 organisations syndicales membres de l’Intersyndicale des Fonctionnaires de Côte d’Ivoire. Elles viennent de démontrer que seule la lutte libère.
Mais nos inquiétudes ne sont pas pour autant dissipées, à l’analyse des décisions du Conseil des Ministres du mercredi 25 janvier 2017 et des nominations dans l’administration publique, dans les Armées et à la Gendarmerie nationale.
Le gouvernement n’entend pas satisfaire la revendication des fonctionnaires portant sur le stock d’arriérés de salaire d’un montant de 249,6 milliards de FCFA, estimant que le déblocage des salaires en 2014 était un solde de tout compte.
Le retour au premier plan des Chefs de guerre de la rébellion armée de 2002 à la tête des principales unités de l’armée est le signe que le gouvernement prépare la guerre, pas contre un pays étranger, mais contre son peuple, en se barricadant avec son clan, comme une tribu assiégée.
Un gouvernement clanique ne peut engendrer qu’un Etat clanique.
Un gouvernement des vainqueurs ne peut servir que les intérêts des vainqueurs au détriment de l’unité nationale et de l’intérêt général.
Un gouvernement de prédateurs et de profiteurs ne peut produire qu’un régime corrompu, violent et liberticide.
Un pouvoir autocratique ne peut produire un régime démocratique.
Le malheur de la Côte d’Ivoire, c’est son gouvernement. Pour que le malheur cesse, il faut que le gouvernement change.
Pour que l’Etat soit neutre, impartial, démocratique et républicain, il faut que par la disposition des choses, le gouvernement ne soit pas l’otage et l’instrument d’un clan. D’où mon appel pressant à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et de transition impliquant toutes les forces vives de la nation.
La neutralité et l’impartialité de ce gouvernement seront garanties par sa nature, sa composition équilibrée des différentes forces politiques et sociales.
La mission de ce gouvernement dont le mandat serait limité dans le temps (2 à 3 ans) serait :
Dans l’immédiat :
– Par sa composition, de restaurer la confiance des ivoiriens dans le jeu politique et dans la classe politique ;
– De conclure une trêve avec toutes les organisations politiques, militaires, syndicales et sociales impliquées dans la crise et d’engager les négociations en vue de la résolution durable des problèmes auxquels les populations ivoiriennes sont confrontées;
– d’assainir l’environnement, et de normaliser la vie politique et sociale à travers la libéralisation de tous les prisonniers politiques, civils et militaires ;
– d’organiser le retour de tous les exilés et déplacés de guerre, le dégel total des comptes bancaires et des avoirs de toutes les personnes concernées par ces mesures ;
– d’apaiser les cœurs et de préparer la réconciliation nationale.
A court et moyen terme :
– d’organiser les Etats Généraux de la Républiques (EGR), un dialogue national inclusif pour fonder la réconciliation nationale, proposer des réparations sans discriminations pour toutes les victimes des graves évènements que le pays a connu ces quinze (15) dernières années, ainsi que tous moyens pouvant contribuer à guérir des traumatismes subis ;
– de procéder à la réécriture de la Constitution ;
– d’adopter les reformes législatives nécessaires à la consolidation de l’Etat de droit ; de la cohésion sociale, des libertés et de la démocratie ;
– de Refonder les armées nationales et le Système de Sécurité nationale (RSS) ;
– etc.
Notre pays est en lambeaux mais l’espérance, cette attente confiante en un avenir de paix, de sécurité, de fraternité et de prospérité sommeille dans le cœur de chaque ivoirienne et de chaque Ivoirien. Quoiqu’il arrive la flamme de l’espérance ne peut et ne doit s’éteindre.
Il s’agit, pour paraphraser un célèbre philosophe et écrivain français « de dire aux résignés assis à regarder la tempête qui déferle et à ceux qui se sont déjà laissés emporter par elle vers le gouffre, à ceux qui sommeillent au bord du précipice : réveillons-nous, levons-nous, battons-nous pour chaque parcelle de notre vie, prenons en main notre propre destin et ne déléguons ce pouvoir à personne. Il y a une espérance ; le changement est possible ; le changement est en marche, il est à notre portée».
Mais quelle espérance pour la Côte d’Ivoire aujourd’hui ?
– L’espérance d’une nation unie, réconciliée avec elle-même, avec la paix, la stabilité et la sécurité ;
– L’espérance d’un Etat moderne produit authentique de notre personnalité, de notre histoire, de nos cultures et de nos traditions et instruments pour la réalisation de nos rêves et de nos ambitions individuels et collectifs ;
– L’espérance d’une prospérité économique dont le dynamisme et la vitalité sont d’abord le fruit du travail et des initiatives des Ivoiriennes et des Ivoiriens ;
– L’espérance d’un pays de la modernité sociale dans lequel l’homme est la mesure de toute chose, le moteur et la justification de l’action publique ;
– L’espérance de redonner à ce pays son rayonnement, son prestige et sa fierté.
Cette œuvre de renaissance, cette nouvelle espérance exige une réaction nationale, un sursaut populaire, une alliance des forces de progrès autour d’un projet politique fédérateur et d’un leadership responsable, respectable et digne de confiance. Un nouvelle Alliance.
La première alliance a conduit le pays au pluralisme politique et à la liberté d’opinion et d’expression. Elle a permis des avancées politiques, économiques et sociales indéniables. Mais elle a sombré dans la guerre et dans des souffrances indicibles. La mort, la prison, l’exil, la précarité sont intervenus comme la sanction de nos errements.
Tout commencement est un choix. Nous avons choisi de répondre au drame que vit notre pays en traçant au peuple le chemin de la rédemption, le chemin d’une nouvelle alliance, le chemin d’une nouvelle vision, le chemin d’une nouvelle sagesse.
Cette nouvelle alliance doit prendre appui sur l’autonomie de la volonté, sur la raison critique, la vérité de l’esprit, la connaissance, des convictions solides et une foi vivante au service de la capacité de discernement et du bon sens.
La nouvelle alliance est une vision renouvelée du monde, de l’Afrique et de notre pays la Côte d’ Ivoire.
La nouvelle alliance est une manière nouvelle de vivre les rapports avec nos concitoyens dans leurs diversités régionale, ethnique, religieuse, socio-professionnelle, etc. ; une solidarité généreuse et un engagement sincère et patriotique en faveur de leur émancipation, de leur épanouissement et de l’unité nationale.
La nouvelle alliance est une nouvelle manière de vivre les rapports avec l’Etranger et la Communauté Internationale ; puisque la mondialisation est une réalité implacable que nous devons assumer avec lucidité et responsabilité ; puisque notre organisation politique est internationaliste ; puisque nous sommes des socialistes et des sociaux- démocrates qui inscrivent leur lutte dans la solidarité des forces de progrès à travers le monde ; et enfin, puisque l’hospitalité, l’accueil et les prévenances à l’égard de l’étranger sont au cœur de nos valeurs africaines.
La nouvelle alliance est un engagement pour la bonne gouvernance des affaires publiques et privées ; le décret que la corruption et la prévarication sont une malédiction ; la condamnation ferme et sans équivoque du népotisme et du clientélisme.
La nouvelle alliance est une sanctification de la pensée, de la parole et de l’action au service du bonheur de nos compatriotes et de la grandeur de notre nation.
L’arche de cette alliance, l’anneau, le sceau de cette alliance, c’est un Parti nouveau, doté de Structures nouvelles dans un esprit nouveau.
Depuis 2013-2104 l’œuvre de rénovation du parti est en marche. Des progrès incontestables ont été réalisés aussi bien au niveau de la Direction du parti que dans la redynamisation des Structures de base et le repositionnement du Parti sur l’échiquier international. Mais il nous reste encore beaucoup de travail pour assurer la reconquête du pouvoir en 2020.
Chers Camarades, ne vous laissez pas distraire ni émouvoir par les apparences. 2020 est à nous. Oui 2020 est à nous car notre amour pour notre pays la Côte d’Ivoire est une force, une foi qui soulève des montagnes, qui renversera toute muraille dressée sur notre passage, qui brisera toute épée levée contre nous, qui balayera tout mauvais sentiment nourrit contre nous.
2020 est à notre portée ; car nous avons les capacités politiques pour briser le sentiment de résignation qui accable notre peuple, susciter une nouvelle espérance et mobiliser pour la victoire.
2020 est à nous car l’adversaire est déjà dans la confusion. Il est vaincu.
C’est pourquoi nous devons poursuivre et amplifier le travail de modernisation du parti tel que décliné dans le programme d’activités de 2016 et baptisé : « les dix (10) chantiers pour la reconquête du pouvoir d’Etat. » :
1 – Consolider l’appareil politique et administratif du parti ;
2 – renforcer la communication et le marketing politique du parti ;
3 – consolider le repositionnement international du parti ;
4 – redynamiser la politique de financement du parti ;
5 – développer la communication interne du parti;
6 – développer la formation des militants et renforcer les capacités des cadres;
7 – Lutter pour les libertés, la justice, la démocratie et l’alternance politique ;
8 – moderniser la vision stratégique et actualiser le programme de Gouvernement ;
9 – redynamiser la politique sociale du parti ;
10 – mettre en œuvre une stratégie d’alliance pour l’alternance en 2020.
Camarades militantes, Camarades militants,
Frères et Sœurs,
Comme vous le voyez Les taches qui nous attendent en cette année 2017 sont d’une importance capitale pour le présent et pour l’avenir de notre pays. C’est pourquoi je forme le vœu d’une parfaite santé pour chacun et pour chacune d’entre nous, de paix et de bonheur pour vos familles respectives et de réussite dans toutes vos entreprises.
BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2017.
Je vous remercie.
Pascal AFFI N’Guessan
Député, Président du FPI