DES FAITS
Le jeudi 7 juillet 2016 M. AMADOU Soumahoro Président du Directoire du RHDP, par ailleurs Secrétaire général par intérim du RDR a animé au siège du PDCI une conférence de presse, en présence des secrétaires généraux des autres partis membres du RHDP.
Au cours de cette conférence qui portait principalement sur trois thèmes que sont, la révision de la liste électorale, la préparation du referendum constitutionnel et la construction du parti unifié, le conférencier a tenu des propos dangereux et d’une gravité singulière. En effet, ce dernier a déclaré que le retour du FPI au pouvoir, contraindrait les membres du RHDP à s’exiler avec femmes, enfants et petits enfants, sollicitant par conséquent le renforcement de « l’union sacrée » au sein de leur groupement politique.
Il a par conséquent formellement mis en garde les cadres du PDCI qui seraient tentés de s’allier au FPI afin de l’aider à reconquérir le pouvoir d’Etat, car ceux-ci seraient les premières victimes de l’accession du FPI au pouvoir, en affirmant d’ailleurs : « si par mégarde, le FPI revient au pouvoir, c’en est fini de la pensée Houphouétiste. Je préfère les palabres au pouvoir que les palabres en exil ».
Interrogé également sur le report de l’examen du projet de loi portant statut de l’opposition, l’orateur a justifié ce report, en précisant que ce texte méritait une analyse plus approfondie car ayant suscité de nombreuses interrogations auprès des députés.
Il y a lieu d’indiquer qu’auparavant, le 4 juillet 2016, les 5 groupes parlementaires : RDR, PDCI-RDA, UDPCI, DIALOGUE et ESPERANCE avaient cosigné une déclaration dans laquelle ils sollicitaient le report de l’examen du projet de loi à une date ultérieure.
Sur la même question, le député Kramo Kouassi s’est même aventuré dans une déclaration rendue publique par voie de presse le 5 juillet 2016, en affirmant que le projet de loi méritait d’être modifié, car ayant été « taillé sur mesure pour M. AFFI N’Guessan et que par là-même il sera mauvais s’il était votée en l’état.
NOTRE ANALYSE
Ces propos de M. AMADOU Soumahoro témoignent de la peur et de la fébrilité du régime face à l’échec de sa politique économique et social, à la grogne qui monte des profondeurs de la société ivoirienne, et à l’impuissance dans laquelle se trouve l’alliance PDCI-RDR confrontée à de multiples dissensions internes sur les modalités de succession de l’actuel Chef de l’Etat.
Le Secrétaire général du RDR en se déterminant ainsi, prête au FPI des intentions inavouées de haine et de vengeance, en représailles aux nombreuses humiliations dont ses membres continuent de faire l’objet de la part des tenants du pouvoir.
M. Amadou Soumahoro avoue ainsi avoir conscience des excès et abus dont ils ont été les auteurs dans leur quête du pouvoir, caractérisés notamment par l’enlèvement et l’emprisonnement injustifiés de nombreux ivoiriens civils et militaires, le gel des avoirs des responsables de l’opposition, l’exil forcé de milliers d’ivoiriens, le rattrapage ethnique, la justice des vainqueurs, l’échec de la politique de réconciliation nationale, le harcèlement judiciaire de la 1ère Dame Simonne Ehivet GBAGBO, la déportation du Président Laurent GBAGBO et du Ministre Charles Blé GOUDE etc.
C’est certainement ce chapelet de méfaits qui le pousse aujourd’hui à craindre le retour du bâton.
Par ailleurs, cette dérive langagière vise également à tempérer les ardeurs des responsables du PDCI qui se rendent compte de l’arnaque politique que représente le RHDP, avec ses nombreuses contradictions idéologiques et stratégiques, afin qu’ils demeurent solidaires des actions du RDR, le seul vrai gagnant de cette pseudo alliance.
En se déterminant ainsi M. Amadou Soumahoro, prête abusivement au FPI la volonté d’égaler le RDR qui n’a pas hésité à contraindre des milliers d’ivoiriens en exil après son accession au pouvoir, en violation flagrante de la Constitution qui proscrit l’exil forcé des ivoiriens.
Le report de l’examen du projet de loi sur le statut de l’opposition politique en Côte d’Ivoire, sollicité par les 5 groupes parlementaires résulte vraisemblablement d’un honteux chantage politique, en réaction à la déclaration des 23 partis politiques qui se sont ouvertement opposés à la reforme constitutionnelle prévue par le Président de la République.
D’ailleurs, l’argument tiré de la nécessité d’une analyse approfondie du texte manque de véracité, quand on sait que ce texte a été remis aux députés deux semaines avant son examen, en présence du Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité.
C’est d’ailleurs ce que tente de ressortir le député Kramo Kouassi qui a eu le courage d’affirmer sa réprobation du texte, car l’estimant taillé sur mesure au profit du Président du FPI.
NOTRE POSITION
En tout état de cause, le FPI rappelle qu’il demeure un parti attaché à la paix, à la démocratie et à l’unité nationale, et qu’il a depuis les débats constitutionnels de l’année 2000, milité pour l’inscription dans la norme fondamentale, de l’article 12 qui dispose en son alinéa 1 : « Aucun ivoirien ne peut être contraint à l’exil… ».
A son accession au pouvoir en 2000, il n’a ménagé aucun effort pour le retour en Côte d’Ivoire des Présidents Henri Konan BEDIE et Alassane Dramane OUATTARA qui étaient en exil.
En 2001, il a organisé le forum de la réconciliation nationale, réunissant toutes les composantes de la nation, afin de colmater les brèches du tissu social déchiré par le coup d’Etat de décembre 1999.
Injustement attaqué en septembre 2002, il a préféré le dialogue et la négociation à la guerre que lui opposaient ses adversaires.
Au nom de la paix, le Président Laurent GBAGBO n’a pas hésité à faire de Guillaume SORO, chef rebelle, le Chef du gouvernement de la République de 2007 à 2010.
Le FPI n’est donc pas de la même nature que le RDR.
Si les cadres du RDR vivent de la politique et sont donc portés à user de toutes formes de violences pour préserver leurs intérêts partisans, le FPI participe au jeu politique pour construire la nation et promouvoir le bien être des populations.
C’est pourquoi il rassure l’ensemble de la classe politique ivoirienne, les ivoiriens de tous bords, surtout ceux du PDCI et du RDR, que son retour au pouvoir ne doit nullement inquiéter du risque d’une vendetta, matérialisée par la contrainte à l’exil ou toute autre brimade dont ses membres continuent d’être victimes.
En conséquence, le FPI condamne avec la dernière énergie cette culture politique de la violence et invite M. Amadou Soumahoro et les responsables du RDR à sortir de cette logique qui ne peut que perpétuer le cycle infernal de l’instabilité politique dans notre pays.
S’agissant du projet de loi portant statut de l’opposition politique en Côte d’Ivoire, le FPI voudrait rappeler qu’il est une évidence qu’il constitue le plus grand parti d’opposition actuellement en Côte d’Ivoire.
En conséquence, la place de son leader en qualité de Chef de file de l’opposition ne souffre l’ombre d’aucune contestation, et n’émane nullement de l’adoption d’une quelconque loi ; la loi ne venant que confirmer cette évidence.
Au demeurant l’ambition du parti n’est pas de s’enraciner dans l’opposition, mais de se battre pour la reconquête du pouvoir et la mise en œuvre des reformes qu’exige la situation de déliquescence dans laquelle baigne notre pays.
Fait à Abidjan le 10 juillet 2016
Pour le Front populaire Ivoirien
La Secrétaire Générale
et porte-parole du parti
AGNES MONNET