Abidjan, Côte d’Ivoire, 04 Août 2015 – Une évaluation récemment achevée de la fonction d’Évaluation indépendante du développement (IDEV) da la Banque africaine de développement (BAD) révèle que les investissements conséquents de la Banque dans l’infrastructure routière au cours de la période 2004-2013 ont conduit à des gains de temps et à une réduction des coûts de transport de l’ordre de 40 pourcent.
Selon l’évaluation, entre 2007 et 2013, le temps du trajet entre Douala et N’Djamena au Tchad est passé de 15 à 7 jours, et de 10 à 5 jours entre Douala et Bangui en République Centre Africain. En outre, les investissements de la BAD ont également donné lieu à des avantages commerciaux. « Sur les corridors Nord menant vers N’Djamena et Bangui, par exemple, on note une augmentation des échanges de 17 % entre 2007 et 2011, » conclut le rapport.
Le document de stratégie du Cameroun pour la croissance et l’emploi (DSCE) 2010-2020 accorde une grande importance au développement des infrastructures, sur lesquelles repose la croissance économique et sociale. Le secteur des infrastructures (transport et énergie) constitue 86 pourcent du portefeuille de la BAD au Cameroun pendant cette période. L’évaluation a également conclu que la construction des centrales électriques de Dibamba et de Kribi à travers des partenariats publics-privés a apporté à la population et à l’économie les avantages suivants : (a) une réduction des coupures d’électricité, (b) un impact positif sur le bien-être et les activités économiques des ménages, et (c) une expansion de l’industrie de l’aluminium au Cameroun.
Lancée en juin 2014, cette évaluation examine l’assistance du Groupe de la Banque au Cameroun sur la période 2004-2013 ainsi que sa contribution au développement du pays. Un des objectifs principaux de l’évaluation est de tirer des enseignements pertinents afin d’améliorer l’engagement futur de la Banque avec le Cameroun.
Bien que la performance générale de la Banque soit jugée satisfaisante dans le secteur des infrastructures, elle ne l’est pas autant dans le domaine de la gouvernance. « Ce mauvais résultat, reflété dans les faibles indicateurs du pays en matière de gouvernance, est essentiellement lié à l’insuffisance de volonté politique, au cloisonnement des ministères, à une prise en compte insuffisante par la Banque des capacités du pays à absorber les réformes et plus généralement à un dialogue politique peu efficace », conclut l’évaluation.
En matière de bonne gouvernance, la BAD et le Cameroun ont mutuellement convenu de se concentrer sur les domaines suivants: gestion des finances publiques, réformes administratives, juridiques et judiciaires, contrats publics, décentralisation, renforcement des capacités institutionnelles, et lutte contre la corruption. L’évaluation estime que les réformes en matière de gouvernance tardent à aboutir au Cameroun notamment parce que « les procédures administratives de prise de décisions sont lourdes, d’où un long délai entre l’instruction des réformes par les administrations techniques et la prise de décision pour une amorce effective de la réforme. »
La durabilité, un paramètre déterminant
Les résultats réalisés par la BAD et le Cameroun en matière de transport, d’énergie et d’autres secteurs prioritaires pourraient être fragilisés sans un entretien adéquat et de solides modalités de gestion. Pour ces raisons, l’évaluation a identifié la nécessité de « renforcer la gestion des infrastructures notamment de transport, à travers un Fonds d’entretien routier efficace […] pour garantir la durabilité des investissements […] ». Bien que l’évaluation juge la durabilité des projets financiers dans le domaine de l’énergie comme probable car ils sont économiquement viables et que les ouvrages sont exploités et entretenus par des professionnels, elle soulève des inquiétudes quant au secteur de la gouvernance, où elle estime que l’insuffisante appropriation du gouvernement rend la pérennité des projets improbable. En ce qui concerne le secteur eau-assainissement et le Projet d’assainissement de Yaoundé en particulier, l’évaluation établit qu’il existe un risque de retour aux inondations car les citoyens jettent des déchets solides dans le canal de Yaoundé. « En milieu rural, la durabilité des ouvrages est tributaire du soutien de l’Etat et des capacités de gestion des collectivités », conclut l’évaluation.
Contexte
L’engagement du Cameroun avec le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) remonte à 1972. En plus de 40 années de coopération, les deux parties ont travaillé ensemble pour résoudre des priorités de développement du Cameroun. Ce partenariat a été renforcé en 2007 avec l’ouverture du bureau de la Banque au Cameroun.
La BAD et les pays membres régionaux identifient mutuellement des domaines d’action en fonction de leur intérêt stratégique à travers à un cadre de travail connu sous le nom de document de stratégie pays (DSP). Dans le cas du Cameroun et principalement depuis 2004, des domaines de priorité sont l’infrastructure, la gouvernance, l’énergie, les réformes du service public et l’amélioration de l’environnement commercial. Au total, le portefeuille comprend 25 opérations estimées à une valeur de 912.13 millions $US.