Abidjan -Plateau,le mardi 30 août 2022 s’est tenu un point de presse de la Fédération des Syndicats des Dockers pour le Renouveau.
Voici comme suite l’exposé des motifs :
« Pris en application de la loi n 2017-442 du 30 juin 2017 portant code maritime, ce décret vise
à améliorer les conditions de vie et de travail des dockers. Aussi, il redéfinit, conformément aux
standards internationaux les conditions d’accès à la profession de docker, les modalités
d’embauches, de conclusion, d’exécution et de rupture du contrat de travail des dockers. En
outre, il prévoit divers avantages sociaux au profit des dockers, notamment la formation
professionnelle continue, une assurance santé ainsi qu’un fonds de solidarité… »
Mesdames et messieurs, voilà ainsi énoncé le commentaire officiel qui a accompagné la
signature du nouveau décret des dockers le 30 janvier 2019.
Aujourd’hui, force est de reconnaitre que plusieurs obstacles empêchent l’application de ce
décret au profit de ses destinataires, les dockers.
D’abord le patronat SEMPA (Syndicat des Entrepreneurs de Manutention du Port D’Abidjan
et San-Pedro), dont certains membres estiment qu’en l’état, le décret leur sera onéreux, donc il
faut trouver des voies et moyens pour contourner son application effective ;
Ce SEMPA qui à travers son préposé commun le BMOD (Bureau de la Main-d’œuvre Docker)
a géré pendant plusieurs décennies les dockers sous une forme d’infantilisation, d’exploitation,
et de prévarication (la forme la plus honteuse du vol), et dont chaque membre prospérait sur le
dure labeur des dockers.
Maintenant que l’Etat décide de prendre les choses en main, afin de donner aux dockers de
meilleures conditions de vie et de travail décents, C’est ce SEMPA qui manœuvre sournoisement
avec la complicité de certains syndicalistes de notre milieu pour ruiner tous les espoirs.. Ils
veulent purement et simplement appliquer le décret sur mesures, et selon leurs intérêts a eux, et
non dans l’esprit et la lettre, à savoir dans un partenariat gagnant-gagnant.
Ensuite la FENADCI (Fédération Nationale des Dockers de Côte d’Ivoire), qui à l’évidence
n’existe que pour accompagner ce SEMPA-là dans son funeste objectif. En effet cette fédération
que le SEMPA impose aux dockers comme unique interlocuteur en violation des dispositions
légales, et avec laquelle il pose des actes illégaux et illégitimes est considérée aujourd’hui comme
le prolongement du SEMPA, ni plus, ni moins.
Enfin le Ministère des Transports maitre d’œuvre du décret, qui visiblement cautionne toutes
ces forfaitures. Sinon comment comprendre ce mutisme qui, à la limite s’apparente à une
partialité manifeste ? Toutes les dénonciations adressées à monsieur le Ministre, toutes les
démarches effectuées pour avoir une audience à ce sujet se sont heurtées à un mur de silence.
Pour preuves;
Le 09 Mars 2022, nous avons adressé un courrier au Ministre dans lequel nous attirions
l’attention de la tutelle sur son mutisme face aux graves violations des dispositions du code du
travail (absence de représentants légitimes de dockers et la méthode cavalière du SEMPA de ne
favoriser que la FENADCI exclusivement, et bien d’autres faits) qui tendent à exacerber les
frustrations et les tensions en milieu docker ;
De quoi s’agit-il mesdames et messieurs? Les dernières élections des délégués du personnel en
milieu docker à Abidjan et San-Pedro ont été tenues le samedi 10 Avril 2009. A l’issue de ces
scrutins, les syndicats ; notamment le CNDD (Collectif National des Dockers pour défense de leurs Droits) pour Abidjan et le SYLIDOPSA (Syndicat Libre des Dockers du Port de SanPedro) pour la cité balnéaire sont sortis majoritaires.
En effet, la loi n 2015-532 du 20 juillet 2015 portant code du travail, en ses articles 61.1 à 61.5
pour ne citer que ceux-ci dispose :
« Article 61.1; Les délégués du personnel sont élus dans chaque entreprise ou chaque
établissement pour une durée de deux ans. Ils sont rééligibles. »
« Article 61.5 : L’initiative des élections incombe à l’employeur(…)
En cas de carence de l’employeur, l’inspecteur du travail et des lois sociales peut ordonner
l’organisation d’élection ou de nouvelles élections…»
Au regard de ces dispositions, nous en sommes aujourd’hui à 13 années sans renouvellement de
mmanda, tout de même, un peu de respect pour nos législateurs ! et le SEMPA fait obstacle
outrageusement à ces dispositions depuis des années sans en être nullement inquiété. Et tous les
syndicalistes qui ont osé dénoncer ces violation ont subit les représailles du patronat et des
syndicats affidés qui les ont tout simplement débarqués de leur poste et virés du port sans
procédure, et ces faits sont légions, et tous le savent, mais ferment les yeux. Il faut que cela
s’arrête.
Les 13, 14, et 15 mars 2022 au sortir de notre conclave tenu à San-Pedro, nous avons pondu une
déclaration dans laquelle nous avons relevé tous les maux qui minent notre secteur, et que nous
avions adressée à SEM le Premier Ministre, Chef du Gouvernement.
Le 09 mai 2022, nous apprenons par les réseaux sociaux qu’un groupe de manutentionnaires
regroupés au sein d’une société dénommée BMOD-SAS a signé une convention avec la
FENADCI exclusivement et en dehors de tout consensus alors même que nous sommes dans
l’attente de l’entité qui aura la gestion des dockers sous appel d’offre.
Voila entre autres raisons qui ont motivé le préavis de grève déposé le 27 Mai 2022 au cabinet
du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, et suspendu le 02 juin après avoir été reçu par
Mme la Secrétaire Générale du Médiateur de la République.
Le but fondamental de l’OIT aujourd’hui est que chaque femme et chaque homme puissent
accéder à un travail décent et productif dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de
dignité.
Aussi, cette notion repose sur quatre piliers qui sont: l’emploi, la protection sociale, les droits
des travailleurs et le dialogue social. Le terme «emploi» désigne ici le travail sous toutes ses
formes et dans ses aspects quantitatifs et qualitatifs.
Chers amis de la presse, depuis le 30 Janvier 2019 SEM le Président de la République a signé
un nouveau décret portant statut particulier des dockers qui cadre bien avec ce principe sacro
saint de l’Organisation Internationale du Travail. Malheureusement, des mains obscures (qui
s’estiment trop puissantes) ne l’entendent pas ainsi. Leur but est de contraindre les dockers à
demeurer dans la précarité, seulement nous n’entendons pas les laisser faire.
De ce qui précède, les dockers de Côte d’Ivoire entendent remettre le piquet de grève suspendu le
02 juin dernier au lundi 05 septembre 2022, à minuit (00h00) sur les ports, pour 72 h renouvelables.
Que Dieu bénisses notre pays,
Je vous remercie