Mesdames et Messieurs,
Mes amis,
En vous voyant ici rassemblés, vous qui représentez des milliers de volontaires qui ont agi sans relâche durant toute cette campagne, je mesure l’honneur qui est le mien de pouvoir compter sur des personnes comme vous.
Vous vous êtes engagés dans ce combat avec la foi de vos convictions, sans rien attendre en retour pour vous-même, avec l’unique volonté de servir notre pays. Ensemble, nous avons créé une dynamique qui n’est désormais au pouvoir de personne d’arrêter.
Je veux remercier chacun de vous, du plus humble des militants jusqu’à mon équipe de campagne. Ils ne m’en voudront pas de ne pas les citer individuellement, mais qu’ils soient tous certains de ma gratitude à l’égard de chacun d’entre eux.
Mes amis, ensemble, nous venons de franchir une étape décisive.
Depuis le début de cette campagne, je le dis, je le répète : la première raison d’être de notre engagement est d’assurer la paix entre tous les Ivoiriens.
Rien ne saurait justifier le recours à la violence.
En aucune circonstance un Ivoirien ne peut légitimement s’attaquer à un autre Ivoirien.
Le sens de ma candidature était de faire avancer des propositions concrètes pour le pays. Non par la force, mais par les urnes. Dans la concorde et dans la paix.
Chacun est libre de ne pas se rendre aux urnes, chacun est hélas libre de ne pas remplir son devoir civique. Mais personne n’a le droit d’empêcher un autre citoyen de l’accomplir.
Quand on est sûr du soutien du peuple, on n’a pas besoin de dresser des barrages pour empêcher l’arrivée du matériel électoral.
Quand on est sûr du soutien du peuple, on n’a pas besoin d’agresser les militants adverses.
Quand on est sûr du soutien du peuple, on n’a pas besoin de brûler les bureaux de vote.
Quand on est sûr du soutien du peuple, on le laisse libre de se déterminer, on ne cherche pas par la violence à lui imposer ses mots d’ordre.
Malgré ce climat, malgré les rodomontades de ceux qui affirmaient bien imprudemment qu’il n’y aurait pas d’élection présidentielle le 31 octobre, ce scrutin a bel et bien eu lieu.
Le peuple Ivoirien a relevé le défi : il s’est rendu aux urnes. C’est un camouflet cinglant pour tous ceux qui privilégient le fusil sur le bulletin de vote.
La Côte d’Ivoire a gagné la bataille de la paix. C’est l’essentiel.
La CEI dont j’ai à maintes reprises critiqué la composition vient de proclamer ses résultats.
Force est de reconnaître que la Côte d’Ivoire n’a pas encore gagné la bataille de la transparence.
Je veux le dire solennellement ici : ce scrutin doit être le dernier qui se déroule dans ces conditions tant dans son déroulement, son organisation, son système de collecte des résultats.
Mais surtout ce doit être la dernière élection qui se déroule dans un climat de suspicion, de défiance, de contrôle défaillant.
Pour ne pas ajouter au trouble qui a saisi le pays j’arrête là mon commentaire sur la faible sincérité du scrutin même si j’en suis l’une des victimes.
Démocrate et respectueux de nos institutions j’ai fait le choix de privilégier une élection très imparfaite à une guerre civile meurtrière.
Mes amis,
Au cours de la campagne, j’ai affirmé à plusieurs reprises que les conditions pour une élection présidentielle transparente n’étaient pas réunies. Mais, le sachant, j’ai décidé de m’engager tout de même. Cela m’a été reproché mais je l’assume.
Quand on aime son pays, entre deux maux il faut choisir le moindre. Entre une guerre civile et des résultats imparfaits, il faut accepter des résultats imparfaits. On peut toujours corriger les défauts d’un scrutin. Mais si le pays se déchire, si les maisons s’embrasent, si les enfants de Côte d’Ivoire s’entretuent, personne ne pourra jamais ramener les vies perdues.
Quoi que j’en pense, quoi que les ivoiriens en pensent, quoi que le monde en pense, je prends acte.
Je ne veux pas ajouter du trouble au trouble.
D’autant qu’incontestablement, Monsieur Alassane Ouattara est arrivé en tête du scrutin.
C’est pourquoi, devant le peuple Ivoirien, je veux féliciter le Président de la République pour sa réélection.
Je l’ai dit et répété au cours de la campagne : dans mon pays la Côte d’Ivoire, j’ai des adversaires mais je n’ai pas d’ennemis. Je suis respectueux de nos institutions et par-dessus tout, je souhaite que la concorde civile, la paix et la démocratie l’emportent sur les querelles d’égo et de clan.
En ce qui nous concerne, la réalité est qu’au terme d’une formidable campagne, nous avons remporté ensemble un grand succès.
Oui, quelque chose s’est passé en Côte d’Ivoire.
Hier est né le début d’un mouvement qui ne s’arrêtera pas. Un mouvement animé par la société civile, en dehors des vieux partis politiques et dont le cœur battant est la jeunesse de notre nation.
Je veux ce soir vous dire deux choses essentielles.
D’abord, dans cette campagne où certains ont voulu faire triompher le vacarme et le chaos au détriment des idées, des projets, et au fond de l’intérêt du pays, nous avons donné des perspectives et montré un chemin.
Quoi qu’il arrive, nous formons une nouvelle force citoyenne dans notre pays. Une force avec laquelle tout le monde devra désormais compter. Une force motrice d’un changement radical, urgent et indispensable. Une force qui sera demain en mesure de faire appliquer et de mettre en œuvre bon nombre des mesures essentielles de notre projet :
Équité sociale ;
Juste répartition des fruits de la croissance ;
Volonté de bâtir une industrie permettant de transformer nous-même nos produits et de créer de l’emploi ;
Réforme fiscale interdisant aux plus riches d’échapper à l’impôt et allégeant la contribution des plus modestes ;
Plan vigoureux pour notre système scolaire et universitaire, qui donne à chacun de nos enfants une chance égale de construire son avenir ;
Combat sans merci contre l’insécurité et les violences du quotidien ;
Lutte implacable contre la corruption qui gangrène le pays ;
Reconnaissance du mérite de chacun comme seule et unique valeur.
Ensemble, nous sommes en train de faire triompher les principes de la République voulue par Félix Houphouët-Boigny : à chacun selon son travail, à chacun selon son mérite, pour toutes et tous la même chance au départ, la nation avant tout, la paix par-dessus tout.
Notre campagne a sauvé l’honneur de la démocratie Ivoirienne. Jeunesse, vous êtes l’avenir de la Nation.
La seconde chose que je tiens à vous dire, c’est que vous allez finir par l’emporter.
Ce n’était pas cette fois, ce sera la prochaine.
Vous allez l’emporter car vous êtes la majorité sociologique de ce pays, parce que vous en êtes les forces vives, parce que vous êtes celles et ceux qui font aujourd’hui et feront demain la grandeur de la Côte d’Ivoire.
Dans les heures et les jours qui viennent, comme je l’ai fait jusqu’à maintenant, nous prendrons nos responsabilités dans l’intérêt exclusif du pays. S’il s’avère possible de mettre en œuvre certaines de nos propositions, s’il apparait qu’il existe une réelle volonté d’union nationale, s’il s’avère que s’impose un désir sincère de réconciliation, alors je serai disponible pour y apporter mon concours.
Mes amis,
Votre mobilisation, celle des centaines de milliers d’Ivoiriennes et d’Ivoiriens qui nous ont apporté leur soutien, ne doit en aucun cas se perdre, ni dans la résignation ni dans le renoncement.
Je vous proposerai très prochainement de nous rassembler non pas dans un parti ou un mouvement qui serait la pâle copie de ceux qui ont fait faillite et ne servent aujourd’hui qu’à servir l’intérêt de leurs chefs.
Je vous proposerai une maison commune dont les portes et les fenêtres seront ouvertes. Ouvertes aux idées, ouvertes aux talents, ouvertes aux bonnes volontés.
Une maison commune où personne ne demandera à personne d’où il vient ou en quoi il croit. Une maison commune où on discutera librement. Une maison commune où on inventera l’avenir.
Mes amis,
Je vous demande à vous tous et au-delà de vous, à tous ceux qui du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, refusent la guerre civile, de devenir les soldats ivoiriens de la paix. Il n’y a pas de plus beau destin individuel et collectif que de servir la paix pour servir notre pays.
Pour le dialogue, pour la réconciliation, pour la paix, nous devons mettre de côté nos désaccords, nos égos et nos blessures. Pour ma part, c’est ce que je ferai sans hésitation ni retenue.
Notre pays est à la croisée des chemins. Je souhaite que soit organisée dans les meilleurs délais une conférence nationale de réconciliation nationale. Elle devra associer toutes les forces politiques du pays, les anciennes comme les nouvelles. Toutes les forces vives, sociales, religieuses et culturelles.
C’est selon moi le seul moyen pour conjurer la perspective de voir deux Cote d’Ivoire s’affronter dans un cruel face à face.
Mes amis,
Avec émotion, je veux vous dire une fois de plus merci.
Avec émotion, je veux vous dire une fois de plus que je compte sur vous.
Avec émotion, je veux vous dire une fois encore que vous pouvez compter sur moi.
Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !