Le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly a animé ce jeudi 15 juin 2017 une conférence de presse au cours de laquelle il a fait le point du récent eurobond et l’état de la situation de l’économie ivoiriefnne.
Voici comme suite ses propos liminaires a cette conférence de presse:
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Merci de votre présence à cette rencontre que je souhaite être une séance d’échanges avec vous.
Cette conférence de presse fait suite à la récente mission que j’ai conduite, du 1er au 8 juin 2017, auprès des investisseurs internationaux, dans le cadre de la troisième émission d’euro-obligations ou eurobonds en anglais. Cette émission intervient après celles de 2014 et 2015 au cours desquelles, les investisseurs avaient déjà fait montre du grand intérêt pour les titres souverains de l’Etat de Côte d’Ivoire.
Je rappelle que les émissions d’eurobonds visent à permettre aux Etats :
– de saisir les opportunités de financement de leurs investissements sur les marchés internationaux de capitaux ;
– d’affirmer leur présence sur lesdits marchés ;
– et d’accélérer l’exécution de leurs programmes de développement.
Cette mission nous a conduits en Europe (Paris, Francfort, Munich et Londres) et aux Etats-Unis (New York et Boston). La délégation était composée de :
– M. Patrick ACHI, Ministre, Secrétaire Général de la Présidence de la République ;
– M. Adama KONE, Ministre de l’Economie et des Finances ;
– M. Abdourahmane CISSE, Ministre du Budget et du Portefeuille de l’Etat ;
– Mme Nialé KABA, Ministre du Plan et du Développement ;
– M. Thierry TANOH, Ministre du Pétrole, de l’Energie et du Développement des Energies Renouvelables.
Ce type de mission de présentation de l’émission d’un eurobond est communément appelée roadshow et permet d’exposer nos projets aux investisseurs internationaux.
Cette mission a été organisée avec l’appui d’un consortium de cinq (5) banques internationales, sélectionnées à la suite d’un appel d’offres. Il s’agit de BNP Paribas, Deutsche Bank, Standard Chartered, Natixis et JP Morgan.
L’Etat s’est également attaché les services de la Banque Rothschild comme conseil financier, du Cabinet Cleary Gottlieb comme conseil juridique international et du Cabinet KSK comme conseil juridique local.
Je voudrais saluer l’ensemble de ces partenaires qui ont apporté une contribution de haute qualité à l’organisation et au succès de l’eurobond 2017.
Nous avons, au cours de cette tournée, rencontré une soixantaine d’investisseurs sur les différentes places financières que j’ai mentionnées.
In fine, les ressources mobilisées devraient contribuer au financement du budget d’investissement 2017. En effet, dans le budget de l’Etat au titre de l’année 2017, le Gouvernement a prévu de mobiliser 1 296,8 milliards FCFA sur le marché financier sous régional et international. Le présent eurobond entre donc dans le cadre de cette prévision.
Il était cependant clair dans notre esprit que cette mobilisation de ressources devait se faire de façon à assurer le maintien d’un profil d’endettement satisfaisant de la Côte d’Ivoire.
Je voudrais, à cet égard, rappeler que le taux d’endettement de notre pays s’établit à fin 2016 à 42,1%, l’un des plus faibles de la zone UEMOA et largement en deçà de la norme communautaire de 70%.
Pour en revenir à l’émission de l’eurobond 2017 de la Côte d’Ivoire, sa structure, qui a été discutée avec les services du Fonds Monétaire International, se présentait comme suit :
– une émission en euros d’un montant de 625 millions, sur une durée de 8 ans ;
– une émission en dollars US d’un montant de 1.250 millions, sur une durée de 15 ans, comprenant :
• une offre de rachat de l’eurobond précédemment émis, à échéance en 2024, à hauteur de 250 millions de dollars US ;
• une offre de rachat de l’eurobond précédemment émis, à échéance en 2032, à hauteur de 500 millions de dollars US.
A l’issue du Pricing, c’est-à-dire de la tarification, organisée le 8 juin 2017 à Boston (Etats-Unis), le volume des souscriptions a culminé à 4,8 milliards de dollars US pour la tranche « Dollars », sur un objectif de 1,25 milliards de dollars US, soit une sursouscription de 4 fois la somme recherchée.
Pour la tranche « Euros », le volume des souscriptions est ressorti à 4,5 milliards d’euros sur un objectif de 625 millions d’euros, représentant 7 fois le montant recherché.
Au total, en préservant la rigueur qui caractérise notre gestion budgétaire nous avons retenu, à l’issue de cette émission d’eurobond, 1,25 milliard de dollars US au taux d’intérêt de 6,25% et 625 millions d’euros au taux de 5,125%.
Il convient de relever, à cet effet, que la Côte d’Ivoire est le premier pays d’Afrique Subsaharienne, hormis l’Afrique du Sud, à émettre un eurobond en euro.
S’agissant spécifiquement des opérations de rachat de titres, qui entrent dans le cadre de la gestion active de la dette, afin de maintenir le profil d’endettement de la Côte d’Ivoire satisfaisant, elles ont été exécutées avec succès, à hauteur de 750 millions de dollars US, conformément aux objectifs fixés.
Au total, l’émission de l’eurobond 2017 de la Côte d’Ivoire a été bien accueillie par la communauté des investisseurs et a connu un franc succès.
Le roadshow a été l’occasion de noter l’appréciation positive des investisseurs internationaux du leadership du Président de la République, SEM. Alassane OUATTARA, et de sa vision de « faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 ». Les performances économiques du pays ont été également bien accueillies, permettant de faire de l’opération une grande réussite.
Mesdames et Messieurs, quels enseignements faut-il tirer de cette nouvelle émission d’eurobonds ?
De mon point de vue, ils sont de plusieurs ordres.
Tout d’abord, le témoignage du leadership du Président de la République et de l’adhésion de la Communauté Financière Internationale à sa vision de transformation de l’économie et de la société ivoirienne.
Ensuite, la confiance des acteurs des marchés internationaux des capitaux dans la signature de l’Etat de Côte d’Ivoire, que traduisent le niveau des souscriptions et les taux d’intérêt compétitifs obtenus.
Par ailleurs, la forte sursouscription de l’émission en euro est la preuve de la profondeur du marché de l’euro et de l’existence d’une poche de liquidité de ressources accessibles à des maturités plus longues et à des taux plus avantageux.
En outre, cette émission a permis, dans le contexte de volatilité des prix des matières premières que notre pays a subi, particulièrement pour le cacao, de mettre en exergue la résilience de l’économie ivoirienne, fondée sur la diversification de sa base productive.
Je dois aussi mentionner la pertinence des mesures entreprises pour rendre la croissance économique plus inclusive, notamment en matière d’emploi et de dépenses sociales.
Enfin, il peut être relevé les priorités de notre politique économique, à savoir :
(i) l’accélération des réformes visant à consolider le rôle du secteur privé comme principal moteur de la croissance économique,
(ii) l’amélioration de la compétitivité de l’économie, à travers le développement des infrastructures, des compétences nationales et du marché financier sous-régional ;
(iii) l’accélération de la transformation locale de nos matières premières pour une meilleure contribution à la création de valeurs ajoutées et d’emplois.
Ce roadshow a été l’occasion d’un échange interactif avec les acteurs importants du marché financier international.
Les questions discutées nous interpellent quant à notre responsabilité à tous de ne pas détourner les investisseurs de notre pays. Il est, en effet, indéniable que ces investisseurs contribuent au maintien d’une dynamique économique forte, gage de création d’emplois et d’amélioration des conditions de vie de tout un chacun.
Telle est l’économie du Roadshow et de l’émission d’eurobond 2017 de la Côte d’Ivoire qui a été couronné d’un franc succès.
Je vous remercie de votre aimable attention et reste disponible pour répondre à vos différentes questions.