MANIFESTE POUR UNE NOUVELLE ESPÉRANCE SOCIALE ET DÉMOCRATIQUE

MANIFESTE POUR UNE NOUVELLE ESPÉRANCE SOCIALE ET DÉMOCRATIQUE

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Ce 7 décembre 2015 commémorait le 22e anniversaire de la disparition du premier président du PDCI-RDA et de la Côte d’Ivoire indépendante, Félix Houphouët-Boigny. À la veille des 70 ans du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, vitrine institutionnelle par excellence de notre vie publique, le temps est venu de réévaluer l’héritage, de favoriser la rénovation des modes d’actions publiques et d’explorer, par le biais de stratégies adaptées à l’évolution du contexte, les angles morts de notre édifice social.
Le temps est venu de redéfinir un nouveau contrat au service du peuple ivoirien, un contrat fondé sur un projet social fédérateur d’engagement public rassemblant la génération post-1960, née après notre accession à l’autonomie de gestion. Le temps est venu d’écrire une nouvelle page du Manifeste du Rassemblement Démocratique Africain (RDA). Une nouvelle page dans l’esprit visionnaire des fondateurs du RDA, dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire, indépendamment de toute formation politique. Le temps d’une page prospective pour nous prémunir de faire en même temps que le deuil de notre passé, celui de notre avenir.
L’heure du Réveil a de nouveau sonné pour réaliser notre rêve. L’heure a sonné pour nous lever et mettre en acte un nouveau rêve de Côte d’Ivoire. Le rêve d’éveil d’une société plus juste, plus solidaire. Le rêve réaliste de participation à un dialogue public permanent, rendu plus libre et plus éclairé. Le rêve dynamique d’une démocratie d’interaction et d’appropriation du public. Le rêve assumé de parvenir à plus de lisibilité des questions relatives à la gouvernance. Le rêve ambitieux de développement d’une culture de la reddition de compte. Le rêve revendiqué d’une plus grande affirmation du principe de responsabilité sociétale.
La nature du débat en cours sur la réunification du champ politique ivoirien autour d’un PDCI-RDA transversal et dominant, confirme une tendance d’appareil à l’effacement du débat d’idées au profit d’une politique de cartel. Une politique de clientèle uniquement orientée vers une lutte pour les places. Une politique de rente qui se résume à la conquête ou la préservation d’intérêts particuliers alors que nos concitoyens éprouvent le sentiment de l’abandon d’une élite en panne de grandes causes, de grand rêve collectif, comme savait en former la génération pionnière qui s’éteint sous nos yeux dans une coupable indifférence après tant de sacrifices.
Le très modeste taux de participation aux dernières consultations électorales confirme à la fois : la mécanique d’abaissement de la légitimité représentative, un fort repli de citoyens désenchantés sur la sphère privée et finalement, la perte d’adhésion populaire aux politiques publiques.
Le seul dénominateur commun au PDCI-RDA réunifié, reste le nom fétiche du président Houphouët-Boigny invoqué comme un mantra, mais sujet à tous les abus de mémoire. Près d’un quart de siècle après la mort du père-fondateur de l’ancien parti-État, sa formation vit toujours au passé, dans un anachronisme complet. La Côte d’Ivoire politique manque cruellement d’imagination. Elle n’a reformulé ni son roman national ni son récit démocratique. Notre pays n’a pas su se renouveler, se donner de nouveaux modèles de référence. Il ne s’est pas davantage doté d’outils performants d’analyse, de diagnostic social, de participation à la circulation d’idées novatrices. Il nous faut pourtant sortir de sentiers sans cesse rebattus et participer à l’amélioration des politiques publiques hors du prêt-à-penser bureaucratique, trop éloigné des réalités quotidiennes et de l’accélération du rythme du monde.
Le projet de nouveau PDCI attrape-tout, recouvre le large spectre de sensibilités : libertariennes, libérales, ou sociales-libérales. Or, l’esprit du Manifeste du Rassemblement en 1946 traduisait, en droite ligne du pamphlet « On nous a trop volé ! » publié dès 1932 par le jeune Houphouët, le rêve d’émancipation des masses populaires ainsi que le rêve progressiste d’une prospérité partagée. Pour atteindre cet objectif, les pères fondateurs du Syndicat Agricole Africain (1944), puis ceux du PDCI-RDA (1946) ont mis la société de leur temps en mouvement.
Félix Houphouët-Boigny et la génération de 1946 étaient porteurs du vieux rêve Côtivoirien, le rêve d’une égale citoyenneté au miroir du statut de Sujet colonial de près de quatre millions d’originaires. Notre population a quintuplé depuis lors… Le dividende démographique est passé de la catégorie des atouts convoités, nécessaires à l’édification d’un État moderne viable et prospère, à celle des défis redoutés, à l’heure du sous-emploi et des revendications de masse, à l’heure des utopies radicales aussi. Notre génération, celle du dé-colonial, ne peut pas se contenter de vivre à crédit et à courte vue, sans projection ni perspective communes, avec pour seul régulateur démocratique et pour seul horizon d’attente le temps marchand des élections.
70 ans après ces précurseurs nous devons nous mettre en mouvement parce qu’il y a urgence. Il y a urgence à examiner les zones grises de nos politiques publiques. Il y a urgence à repenser l’interdépendance régionale et ses conséquences en termes d’intégration économique et monétaire, de fluidité des échanges commerciaux, de flux ou de stock migratoires, de tolérance sociale à l’absorption de nouveaux arrivants.
Il y a urgence à examiner l’efficacité des modalités de coopération sécuritaire transfrontalière tandis que nous sommes confrontés à une mutualisation croissante des risques et que la terreur devient un phénomène structurel global. Il y a urgence à imaginer les contours et le contenu de notre complexe de sécurité intérieure et extérieure pour les quinze prochaines années. Il y a urgence à comprendre les ressorts de la corruption endémique qui gangrène notre société et alimente les nouvelles formes de criminalité au nombre desquelles la cybercriminalité. Il y a urgence à expliquer à nos concitoyens le bien-fondé de nos options de partenariat international pour en finir avec la culture du soupçon et de la conspiration qui prévaut en ce domaine.
Il y a urgence à penser la coexistence communautaire alors qu’une proportion considérable des litiges instruits par nos tribunaux porte sur des conflits liés à la propriété foncière bien que tout le monde s’accorde sur la bonne adéquation des instruments législatifs existants. Il y a urgence à proposer une politique de santé publique adapté à l’évolution accélérée de notre courbe démographique. Il y a urgence à proposer des solutions pratiques à la régulation du transport public urbain dont le calendrier ne peut pas plus longtemps rester lui aussi à l’index des consultations électorales. Il y a urgence à auditionner nos concitoyens qui vivent en zone rurale sur les moyens de conformation de leur style de vie à l’adaptation de notre agro-industrie aux besoins du futur proche qui se manifestent déjà.
Il y a urgence à traduire concrètement les bonnes intentions qui ont prévalues au financement d’enquêtes généralistes sur l’état de l’opinion. Il y a urgence à divulguer les réformes institutionnelles préconisées pour aider notre pays à sortir d’une transition démocratique qui dure depuis vingt-cinq ans. Il y a urgence à rendre accessible au plus grand nombre l’information sur la conduite des affaires publiques parce qu’elles engagent non seulement nos deniers mais elles infléchissent surtout nos trajectoires de vie. Il y a urgence à dédramatiser la morale de la consommation, à rendre toute sa valeur au consommateur, à se souvenir qu’il est également citoyen, quel que soit le niveau de son pouvoir d’achat. Il y a urgence à faire prendre corps au rêve d’une République au service du public. Il y a urgence à réfléchir aux moyens d’adapter nos formations diplômantes à nos capacités d’emploi. Il y a urgence à concevoir une politique culturelle audacieuse qui permette d’intégrer les arts graphiques, visuels et les arts de la scène dans le champ des compétences et des savoirs pratiques.
Il y a tellement d’urgences à défendre la société… Il y a tant d’urgences à traiter, si nous voulons continuer à faire vivre dans notre pays voué à l’hospitalité, le rêve de destinée d’une terre d’espérance et de fraternité sociale…
Ce rêve n’est pas mort. « Un rêve ne meurt pas » m’assurait Bernard Dadié, une des dernières figures emblématiques de l’avant-garde politique et littéraire du Rassemblement Démocratique Africain, avant d’ajouter espiègle et philosophe : « les morts sont toujours vivants »…
Franck Hermann Ekra
Militant du PDCI-RDA,
Initiateur du Laboratoire d’Innovation et d’Action Publique,
Nouvelle Espérance Sociale et Démocratique.

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