Abidjan, Côte d’Ivoire, le 14 décembre 2015 – «L’adoption de l’Accord de Paris montre que le monde comprend qu’avec le changement climatique, il n’y a ni gagnants ni perdants. Soit nous gagnons tous ensemble, soit nous perdons tous ensemble», a déclaré dimanche à Lagos, au Nigeria, le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina. «Et hier, nous nous sommes tous engagés à gagner ensemble», a-t-l souligné, suite aux conclusions de la COP 21 dans la capitale française.
«Ce Sommet marque un moment historique, où 195 pays ont décidé de se ranger du côté de la justice et du bon sens. Et la voix de l’Afrique s’est fait entendre- haut et fort. Les pays africains sont venus à la COP21 bien préparés, avec un discours unifié, un programme clair et un accord équitable en perspective»
Adesina a souligné que l’Afrique a changé son discours et qu’elle est venue à Paris pour fournir des solutions et être entendue. Il a salué la structure cohérente qui a été établie par le biais du Groupe africain des négociateurs (AGN), de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (CMAE) et du Comité des chefs d’États et de gouvernements africains (CAHOSCC). D’autres pays en développement ont compté sur l’Afrique pour mener les négociations pour leur compte, a-t-il ajouté.
« Même si l’accord n’est pas parfait, il reflète largement les spécificités de l’Afrique, tout en tenant compte des besoins d’autres régions en développement. J’ai toujours dit qu’un accord qui n’était pas bon pour l’Afrique n’est pas un accord», a poursuivi le responsable de la BAD.
Il a énuméré les cinq caractéristiques que l’Afrique attendait de la Déclaration: un accord contraignant dans le cadre de la Convention sur les changements climatiques; un accord qui respecte le principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives; un accord qui crée une parité entre adaptation et atténuation; un accord qui maintient le réchauffement planétaire en dessous de 1,5°C; et un accord qui suscite plus d’ambition pour augmenter progressivement le financement du changement climatique en faveur des pays en développement à partir d’un niveau plancher de 100 milliards de dollars EU par an à compter de 2020.
Le Groupe africain des négociateurs est allé à Paris avec deux initiatives qui contribueraient à atteindre les résultats attendus de l’Accord de Paris, a indiqué Adesina. Il s’agit de l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables et l’Initiative pour l’adaptation en Afrique. Ces deux initiatives ont été lancées à la COP, l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables ayant reçu un fort soutien et des promesses financières de la part des partenaires. L’Accord de Paris reconnaît en outre la nécessité de favoriser l’accès universel à l’énergie durable dans les pays en développement, en particulier en Afrique, à travers le déploiement renforcé des énergies renouvelables.
«Même si l’Accord est effectivement ambitieux, nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers», a conclu Adesina. « Il reste beaucoup de travail à faire. Les évaluations ont montré que les engagements actuels concernant les contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN) se traduiront par un réchauffement planétaire d’environ 3°C. L’Accord prévoit un engagement à revoir et à renforcer tous les cinq ans les engagements pris. Ce n’est que le début. Nous devons poursuivre sur cette lancée pour nous assurer que l’Afrique effectue une transition vers la voie d’un développement bas carbone et résilient au changement climatique. La volonté est là. L’engagement est là. Cette chance ne durera plus très longtemps. Alors saisissons-la.» a-t-il martelé.