La mondialisation de l’économie a accéléré la coopération et a facilité les échanges entre tous les pays de la planète. Elle a contribué à briser le monopole commercial longtemps détenu et jalousement entretenu par les ex-puissances coloniales dans de nombreux pays africains. Celle-ci a également entraîné l’émergence de nouvelles puissances économiques,1 dont la Chine, qui est aujourd’hui la première puissance commerciale mondiale (Allard, 2020).
Ainsi le développement de l’économie chinoise dans sa politique d’expansion met un point d’honneur à sa coopération avec les pays africains. Le 3ème sommet du Forum de Coopération Chine-Afrique (FOCAC), tenu en 2006, confirme la place centrale que tient désormais l’Afrique dans les stratégies extérieures du gouvernement chinois (Massa, 2015).
Dans le cadre de cette coopération, les investissements de la Chine en Afrique ont connu un bon spectaculaire, au point de faire de ce pays asiatique le premier partenaire commercial de l’Afrique (Caslin, 2019; Ighobor, 2013).
Dans le secteur des infrastructures, la part de marché des entreprises chinoises atteindrait déjà 50% avec plus de 10.000 entreprises chinoises opérant sur le continent, et 90% d’entre elles sont privées (Belzic, 2017).
Toutefois, ces nombreux investissements, qui contribuent énormément au développement des pays africains, ne font pas toujours l’unanimité au sein de l’opinion africaine. La Chine est même accusée, par des pays occidentaux ainsi que des critiques africains, de « néocolonialisme » et de promotion du ré-endettement de l’Afrique (Caslin, 2019b).
Face à ces critiques, nous sommes amenées à nous interroger si derrière la coopération économique sino-africaine ne se cache pas une réelle volonté de la Chine d’asseoir une influence sur les pays africains.
Ou s’agit-il d’une stratégie des puissances en perte d’hégémonie sur le continent pour diffamer et saper la coopération sino-africaine? Que pensent les citoyens ivoiriens du commerce entre la Chine et leur pays?
Les résultats de la dernière enquête d’Afrobarometer, effectuée avant la pandémie de la COVID-19, révèlent une appréciation positive des échanges économiques entre la Chine et la Côte d’Ivoire. Cela est renforcé par la conviction que les prêts ou l’aide accordés par la
Chine s’accompagnent de beaucoup moins d’exigences par rapport aux autres pays donateurs.
Cependant, les Ivoiriens sont divisés sur la question de savoir si leur pays s’est trop endetté auprès de la China. Et le modèle de développement américain reste le préféré des citoyens ivoiriens même si le choix du modèle chinois a connu une légère progression au sein de l’opinion publique.
1 Notamment les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, et Afrique du Sud)