DISCOURS DE SON EXCELLENCE SORO KIGBAFORI GUILLAUME, PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE DE COTE D’IVOIRE
Mesdames et messieurs,
L’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire est heureuse d’accueillir ce séminaire régional organisé à l’intention des parlements d’Afrique, par l’Union interparlementaire, sur la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, en partenariat avec le Comité 1540 et le Bureau des affaires de désarmement des Nations Unies.
Je me souviens que l’an dernier, lors de mon passage à Genève, à la faveur de la 41ème Session de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie, j’avais, au cours de la visite que j’ai rendue au siège de l’UIP, sollicité l’organisation en Côte d’Ivoire d’une telle rencontre consacrée à la question de la prolifération des armes de destruction massive et à la menace qu’elles font peser sur la paix et la sécurité internationales en général et sur celles de notre continent en particulier.
Aujourd’hui, je suis heureux de constater qu’une suite favorable a été réservée à cette sollicitation et c’est pourquoi je m’empresse d’adresser mes sincères remerciementsaux principaux dirigeants de l’UIP représentés ici par son Secrétaire général, mon frère et ami, Monsieur Martin CHUNGONG.
Monsieur le Secrétaire général, la Représentation nationale ivoirienne considère cela comme une marque de confiance et de respect à son égard et s’en réjouit grandement. J’en profite au passage pour vous féliciter à nouveau pour la conduite exemplaire de votre mission depuis votre élection à ce poste.
Aussi, me tournant vers les distingués participants qui ont accepté de faire le déplacement d’Abidjan, je voudrais leur souhaiter le traditionnel Akwaba en Côte d’Ivoire.
A cet égard, vous me permettrez de saluer particulièrement mes collègues Présidents qui ont bien voulu rehausser de leurprésence ce séminaire régional.
Je veux parler du Président de l’Assemblée de l’Union des Comores, le docteur Abdou OUSSENI, à qui j’adresse mes remerciements les plus émus en souvenir de l’accueil chaleureux qui nous a été réservé et de l’agréable séjour que j’ai eu à effectuer dans son pays dans le cadre d’une visite officielle en octobre 2014.
De même, jeprésente mes hommages déférents à Madame MENSAH Williams Margaret, Présidente du Conseil National de Namibie et lui exprime également la reconnaissance de la Représentation nationale ivoirienne pour sa présence en Côte d’Ivoire.
Merci à vous chers collègues Présidents !
Dans un même élan, je n’oublie pas de saluer l’Ambassadeur Isidore Marcel SENE, Vice-Président du Comité 1540 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui est en partenariat dans l’organisation de cette rencontre, de même que Madame OLATOKUNBO Igé, Directrice du Centre Régional de l’ONU pour la Paix et le Désarmement en Afrique, et représentante du Bureau des Affaires du Désarmement des Nations Unies à ce séminaire.
A toutes et à tous, je vous dis merci d’être à Abidjan !
Mesdames et Messieurs,Distingués hôtes,
Me penchant à présent sur l’objet de cette activité, je tiens à relever la pertinence pour notre pays et pour le continent africain de la problématique que sous-tend le thème qui est proposé à la réflexion, à savoir :« encourager les parlements nationaux à promouvoir la mise en œuvre de la Résolution 1540 du Conseil de sécurité ».
Faut-il le rappeler, cette résolution vise à engager les gouvernements à appliquer des lois et des réglementations efficaces afin d’empêcher l’accès aux armes de destruction massive par des acteurs non étatiques.
Vous en conviendrez, le rôle des parlements y apparait en filigrane,notamment en tant qu’Institutions chargées de légiférer mais aussi et surtout chargées de veiller à la mise en œuvre des lois votées.
Mesdames et Messieurs,
L’actualité récente dans nos différentes sous-régions, plus spécifiquement avec la montée fulgurante du terrorisme, ne peut continuer de nous laisser indifférents.
Depuis le 28 avril 2004, date à laquelle le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté à l’unanimité la Résolution 1540, la prolifération des armes nucléaires, chimiques et bactériologiques n’a cessé d’être une menace pour la paix mondiale.
Oui, autour de nous, la menace terroriste est chaque jour plus angoissante.
Hélas, en dépit des graves menaces qui pèsent,c’est quelque fois le propre del’homme de croire que ceci est une vue de l’espritet que le kamikaze ou le porteur d’une ceinture piégée commettra forcément son forfait ailleurs etbien loin de nous !
Hélas, ce n’est toujours qu’après que le mal ait été commis que nous nous réveillons subitement pour constater la triste réalité.
Mais à ce moment-là, bien souvent, c’est déjà trop tard : une stratégie sécuritaire ne peut être efficace que si elle ne se contente pas de réagir aux circonstances, elle se doit d’anticiper et de se prémunir, en amont, face à toutes les actions de déstabilisation et de destruction susceptibles de se produire.
Aujourd’hui sur notre continent et dans le monde, devant la facilité avec laquelle des meurtres sont perpétrés par des individus ou des groupes terroristes disposant d’armes étonnamment dangereuses, il y a lieu d’élargir nos champs de réflexion sur la façon de mieux cerner ces menaces afin qu’elles apparaissent en bonne place dans les politiques de sécurité qui sont proposées et mises en œuvre par nos gouvernements.
C’est à ce titre que je considère que les Organisations telles que l’Union Interparlementaire ont un rôle essentiel à jouer.
Chers Séminaristes,
Tout en comprenant la tenue de cet atelier comme participant à l’effort de sensibilisation qui doit être entrepris autour de la résolution 1540, je ne doutepas qu’il soit également l’occasion de jeter un regard rétrospectif et critique sur les initiatives qui ont pu être prises à ce jour pour la promotion de ladite résolution.
Je présume de la qualité des expertises qui seront mises à notre disposition afin de nous permettre d’affiner notre grille d’analyse.
Toutefois, Mesdames et Messieurs, je voudrais m’appesantir sur une question connexe que fort opportunément j’ai eu à évoquer,il y a quelques jours,avec le Sous-secrétaire général des Nations Unies chargé des opérations du maintien de la paix que je recevais en audience.
Il s’agit de la fragilité de nos jeunesses face à des phénomènes comme le terrorisme qui,bien fréquemment, fait miroiter devant elles l’appât du gain facile auquel elles ont tendance à succomber facilement.
Les exemples récents montrent bien que la jeunesse constitue, malheureusement, le vivier du terrorisme, même si, paradoxalement, ce vivier est sacrifié et devient son tombeau.
Que la pauvreté et la précarité en soient le terreau, nul ne peut le nier, et c’est pourquoi notre propre responsabilité se trouve engagée : qu’il faille lutter contre les terroristes, c’est vrai ; mais qu’il soit tout aussi important, sinon plus, de lutter contre l’émergence du terrorisme, c’est encore plus vrai.
Rendons-nous à l’évidence :
Lorsque l’on observe combien des jeunes enrôlés et endoctrinés font preuve d’une créativité sans limite dans l’exercice de la violence, on peut, non sans sueur froide, imaginer l’excitation qui peut être la leur à posséder des armes de destruction massive et à en faire usage, au nom d’un certain idéal, fut-il utopique ou mensonger.
C’est pourquoi, je considère que la question de la sécurité ne peut être regardée de façon autonome, mais qu’elle devrait aussi croiser les politiques sociales notamment celle à l’égard et en faveur des jeunes, de leur éducation, de leur formation, de leur intégration harmonieuse dans le tissu social.
Il faut rester vigilant en sachant promouvoir l’école de la vie et faire taire les sirènes trompeuses de l’école de la mort !
C’est une vigilance sur laquelle, nous parlementaires, pouvons être efficaces au moment de l’examen des projets de lois et des budgets qui nous sont soumis par le Gouvernement.
C’est bien là l’une des composantes essentielles de la responsabilité que nous partageons avec l’Exécutif, dans un domaine aussi réservé que celui de la sécurité.
En tout état de cause, chers séminaristes, cette responsabilité qui est la nôtre, en tant que Relais du Peuple, devrait nous permettre de nous assurer, en toute circonstance, que ces préoccupations sont prises en compte et que les aspects les plus concrets de la Résolution 1540 soient suivies d’effet.
Mesdames et Messieurs les Députés,
Distingués hôtes,
Il s’agissait-là de partager avec vous une réflexion qui me tenait à cœur en espérant qu’elle pourra alimenter nos échanges que j’entrevois déjà fructueux.
Je voudrais réaffirmer ma disponibilité ainsi que celle de l’Assemblée nationale à souscrire aux résolutions auxquelles les réflexions aboutiront.
En réitérant mes chaleureux remerciements à mes collègues Présidents et à tous nos distingues hôtes du jour, je déclare ouvert le séminaire régional à l’intention des parlements d’Afrique, sur la mise en œuvre de la Résolution 1540 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Je vous remercie !
Guillaume Kigbafori SORO