Abidjan, le 27 avril 2015 – La nouvelle édition de l’Observatoire montre comment des centaines de millions d’Ouest-africains pourraient enfin, grâce au téléphone mobile, bénéficier d’une inclusion financière
L’Observatoire de l’Afrique de l’Ouest estlapublication trimestrielle de la Banque africaine de développement (BAD) dédiée à la région. Cette sixième édition, consacrée aux services financiers mobiles, montre que l’adoption rapide de la téléphonie cellulaire, qui a atteint un taux de pénétration de 44% début 2015, a favorisé l’éclosion du paiement mobile dans la région.Cette pratique renforce l’inclusion financière d’une population majoritairement non bancarisée, dans des économies où l’argent liquide domine les échanges. Pour Robert Masumbuko, à la tête de la Division inclusion financière de la BAD, « l’émergence des services financiers mobiles est une opportunité historique d’enfin réaliser l’inclusion financière en Afrique de l’Ouest, et rapidement de surcroît ».
Présentant l’état du marché des services financiers mobiles en Afrique de l’Ouest,la publication analyse les principaux obstacles à une diffusion plus large de cette technologie. Elle montre également que les acteurs du secteur développent des solutions qui améliorent la gouvernance économique et sociale des pays de la région. En effet, comme l’explique Emanuele Santi, coordonnateur principal du rapport et économiste à la BAD, « la révolution technologique en cours est sur le point de transformer durablement le fonctionnement de l’économie ouest-africaine, mais aussi le rapport entre gouvernements et citoyens, en limitant les fuites liées à la corruption, à la distance ou aux coûts d’intermédiation ».
Sontégalement formulées des recommandations pour développer des services financiers mobiles qui soient plus inclusifs : étendre le maillage d’infrastructures aux zones reculées ; mettre en place une régulation qui soutienne l’essor de la technologie ; encourager l’usage des services mobiles dans tous les secteurs d’activité ; ou encore adopter une approche régionale dans la promotion du secteur. Pour Nicholas Williams, chef de Division TIC de la BAD, « Le secteur explose mais il en est encore à ses débuts. Il est nécessaire que la région l’organise de manière efficace et anticipe les obstacles à venir, pour pouvoir libérer le potentiel des services mobiles dans le secteur financier et au-delà, dans l’ensemble de l’économie ».
Le rapport présente également les dernières évolutions politiques, économiques et sociales en Afrique de l’Ouest. La section « profils pays », qui offre un focus sur le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo, précise dans chaque cas le rôle des services financiers mobiles dans les transformations en cours.
Pour Emanuele Santi, la tournure des élections présidentielles au Nigeria ont marqué une étape significative pour la région : « le déroulement sans heurt du scrutin, dans un pays aussi influent que le Nigeria, conforteindéniablement le processus de transition démocratique au niveau régional ». D’autres élections déterminantes auront lieu dans les prochains mois, notamment en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Burkina Faso.
Sur le plan économique, l’Afrique de l’Ouestdemeure l’une des régions les plus dynamiques d’Afrique, avec un taux de croissance bien au-dessus de la moyenne du continent. Estimée à 6 % en 2014, malgré la crise causée par l’épidémie de fièvre Ébola et la baisse des cours du pétrole dans la seconde moitié de l’année, cette croissance devrait décliner à 5 % en 2015.
Il semble que la région soit en passe d’enrayer épidémie de fièvre Ébola, même si le risque d’une reprise demeure.L’impact social de cette crise est inquiétant, en particulier en Sierra Leone, en Guinée et au Libéria, où l’épidémie a aggravé le niveau de pauvreté, accru la menace sur la sécurité alimentaire et affaiblit le taux de scolarisation, après plusieurs mois de fermeture des écoles.
