Le monde des artistes de Côte d’Ivoire a été en émoi avec l’interpellation judiciaire et le procès de deux de ses illustres membres Yodé (Dally Djédjé, à l’état civil) et Siro (Sylvain Decavailles Aba).
Les faits :
Dans une soirée Zouglou, qui a eu lieu le 29 Novembre 2020, au maquis l’Internat de Yopougon Niangon, l’artiste Siro a tenu les propos suivants : » le procureur la même-là, il n’est plus procureur, il est le procureur d’un seul camp, c’est quel pays çà là ? Allez dire au procureur, Adou Richard, Allez lui dire… que, un mort c’est un mort, on ne passe son temps à chercher les petits baoulés dans les villages, pendant que des gens sont ici avec des machettes et ils sont bien identifiés…… Président, on dit quoi » Extrait d’une vidéo de l’évènement.
Après un procès, les artistes Yodé et SIro ont été condamnés à un an de prison avec sursis et 5 millions FCFA d’amende chacun.
Le CAPE( organisation regroupant en son sein des artistes et des créateurs) invite à une analyse sereine et lucide,de cette affaire.
L’artiste, comme tout acteur de la société, doit faire un distingo entre l’exercice de son art, et son activisme politique.
Dans l’univers artistique ou l’art de dénoncer les faits de société, et ses travers,est une rhétorique usuellement utilisée par , tous les arts et musiques confondus. Le Zouglou s’en sert très souvent
Mais calomnier ou défier une institution ou des autorités, a un caractère outrageant, dépasse les lignes rouges et est donc susceptible de poursuites judiciaires. Et dilue de manière substantielle, le message à véhiculer
Dans le cas de cette affaire, ni l’exercice de l’art de Yodé et Siro ni leurs talents ne sont, pas mis ou remis en cause car ils sont reconnus par leurs prises de position engagées pour la critique des faits de société, quelque soit le régime.
Leur musique ou les propos ,par celle-ci n’ont pas été jugés, par les pouvoirs publics, comme contrevenants et la diffusion de leurs œuvres n’a jamais été l’objet d’acte de censure.
Ce dont il est question, c’est le caractère insidieux et volontairement outrageant de l’artiste , qui défie de manière publique, un des garants de l’institution judiciaire de notre pays. Et les conséquences de certains propos, sont de nature à influer sur le climat social, et à exacerber les conflits interethnique.
Il s’agit ici, de l’accusation publique ciblée contre le procureur de la République, nommément cité Mr Adou Richard. Ces accusations portent sur des faits supposés, par celui-ci, de mener une justice partisane et d’être inactif sur certains actes jugés repréhensibles, sans que Yodé et Siro n’apportent pas le moindre début de preuves.
Bien plus graves, sont les conséquences qui découleraient de leurs messages. Car cela pourrait susciter le regain de la haine communautaire et affecter la cohésion sociale. Ceci, dans un contexte politique qui vient tout juste d’amorcer une baisse de tension sociale, après que l’élection présidentielle ait eu lieu, et ait été remportée par le président Alassane Ouattara et validée par le conseil constitutionnel.
Faut-il encore le rappeler,
L’artiste, le « porte-voix du peuple sans voix », doit savoir faire le distingo entre son métier qui invite à la critique des faits de société et ses activités politiques, s’il est militant engagé.
(En France, pays de référence de grande liberté et de grande démocratie, l’humoriste Dieudonné M’Bala M’Bala par son négationisme et ses discours de haine, a été condamné par la justice française et a écopé d’amende et de sanctions).
Le CAPE remercie le procureur de la République, Adou Richard, pour avoir fait preuve de grandeur d’esprit de conciliation et de Pardon, pour l’issue prompte et heureuse,de cette affaire.
C’est le lieu de rappeler à chaque citoyen, le principe de laisser la justice faire son travail. C’est une institution qui travaille selon des critères crédibles, de même les avocats peuvent se constituer pour qui ils veulent et comme bon leur semble sans que celà ne choque personne. Les mis en cause,ont eux mêmes reconnu la probité delà justice et son rendu du DROIT.
Le CAPE organisation artistique et culturelle vient humblement auprès du procureur de la République pour solliciter son oreille attentive. La morosité de la conjoncture socioéconomique et artistique, minée par la piraterie et rendue plus vulnérable par la crise du COVID-19, fait que l’artiste peine à vivre de ses activités. C’est pourqoi
nous implorons la clémence de l’autorité judiciaire de revoir, dans la mesure du possible, l’effacement total de l’amende infligée à Yodé et Siro et la requalification de leur délai d’observation.
Le CAPE invite tous les artistes et créateurs, en cette période post-électorale fragile, à mener des actions dans le sens de la cohésion sociale, et en appelle à leur sens de responsabilité.
Le CAPE,compte porter des réflexions élargies sur un code de déontologie de l’artiste à cet effet.
« Construisons ensemble un monde de vu démocratie et de paix »
Pour le CAPE
Noel Douret
Fait à Abidjan le 06 Décembre 2020
