JOURNEE MONDIALE DE PREVENTION DES CATASTROPHES 2019 : LA CÔTE D’IVOIRE DISPOSE DESORMAIS D’UNE NOUVELLE STRATEGIE DE PREVENTION

JOURNEE MONDIALE DE PREVENTION DES CATASTROPHES 2019 : LA CÔTE D’IVOIRE DISPOSE DESORMAIS D’UNE NOUVELLE STRATEGIE DE PREVENTION

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La « Journée Internationale pour la prévention des catastrophes » a été décrétée par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) depuis 1990. Cette journée est fixée au deuxième mercredi du mois d’octobre de chaque année. En prélude aux activités qui se tiendront à travers le monde le mercredi 13 octobre prochain, date retenue pour la célébration de cette année 2019, le Secrétaire Exécutif de la Plateforme Nationale de Réduction des Risques et de gestion des Catastrophes (Plateforme RRC) le Dr TOURE Kader, a tenue à entretenir la presse

sur les avancées notables que connait la Côte d’Ivoire en matière de prévention des risques de catastrophes. L’entretien a eu lieu au sein des nouveaux locaux de l’institution située à Cocody Angré 8e tranche à proximité des bureaux de l’Agence Nationale de Gestion des Déchets (ANAGED). Il convient d’indiquer, que le Dr TOURE Kader est par ailleurs Point Focal National de l’Initiative de l’Union Européenne pour la réduction des risques liés aux matières d’origine Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique (NRBC). Il s’agit d’une Initiative à laquelle la Côte d’Ivoire a adhéré au mois d’août 2013 et qui vise entre autres, à renforcer les capacités des institutions et acteurs nationaux à faire face aux accidents et catastrophes d’origine technologiques et connexes.
Monsieur le Secrétaire Exécutif (SE), pourquoi une journée dédiée spécifiquement à la prévention des catastrophes ?
Merci. Comme vous le savez, dépendamment des problématiques auxquelles nos sociétés sont confrontées, l’ONU décrète une journée afin de permettre à la fois à la société civile de décrier une situation donnée ou aux décideurs, de mener des actions de sensibilisation afin de trouver des solutions à telle ou telle problématique. C’est dans ce cadre d’ailleurs, qu’au regard des nombreuses pertes en vie humaines et d’importants dégâts matériels qu’occasionnent les catastrophes, qu’il a été décidé qu’une journée de l’année soit spécifiquement dédiée aux efforts consentis par les uns et les autres en matière de prévention des catastrophes. Et pour ce qui concerne la prévention des catastrophes, le choix de la date pour la commémoration de cette journée, a été fixé au deuxième mercredi du mois d’octobre de chaque année.
Monsieur le SE, de mémoire, contrairement à ce qui lieu dans d’autres pays à travers le monde à l’occasion de ce genre d’événements où les gouvernements initient des conférences ou autres activités de sensibilisation, on observe qu’en Côte d’Ivoire, le gouvernement se limite en général qu’à une simple déclaration télévisée. Alors que pas plus tard qu’au mois de juin 2018, d’innocentes victimes ont été dénombrées suite aux inondations occasionnées par les pluies diluviennes sans que le gouvernement n’ait pu éviter une telle catastrophe:
Effectivement, le mois de juin 2018 nous rappelle un triste événement pour lequel nous compatissons à la douleur des familles qui ont perdu les leurs mais également, témoignons par la même occasion, de notre sympathie pour les personnes qui ont perdu des biens. Surtout, lorsqu’on sait qu’en matière de gestion de crise liées aux catastrophes qu’elle qu’en soit l’origine, du fait que peu de personnes disposent d’une assurance à même de les soutenir en période post catastrophe, les attentes demeurent toujours grande à l’endroit de l’Etat qui en réalité, ne peut pas tout faire en même temps. En attendant de revenir sur la question des assurances en cas de survenue de catastrophe, permettez-moi plutôt, d’aborder un tant soit peu votre question qui porte sur l’action attendue de l’Etat à l’occasion de la célébration de la journée de prévention des catastrophes pour cette année 2019.
Pour votre information et nous devons tous en convenir, la permanence des risques de catastrophe qu’elle soit d’origines naturel, technologique, anthropique ou transversaux, se pose aujourd’hui avec acuité pour nos jeunes Etats. Aussi, nous devons convenir qu’au-delà de la permanence des risques que je viens de citer, s’ajoute l’avènement d’événements météorologiques extrêmes qui deviennent de plus en plus fréquents et intenses, avec des conséquences dévastatrices pour l’économie des pays, le bien-être des communautés et leur environnement.
Au regard de ce qui précède, l’on est appelé à se demander quelle réaction adoptée face à de telles défis. Fort malheureusement, une seule réponse se fait entendre partout à travers le monde. Il s’agit de celle qui se résume en ces termes : pendant que nos Etats font face dans le même temps à de nombreux autres problématiques telles que, la gestion des crises épidémiques, la montée de la criminalité intra et transfrontalières, la sècheresse, les feux de forêt, l’orpaillage clandestin, le pillage des eaux continentaux, la destruction de la faune et de la flore, les conflits sociaux, l’érosion côtière, la pollution atmosphérique induite, etc., comment voulez-vous qu’avec le fardeau de la dette sous lequel croulent ces Etats, qu’on demande à ceux-ci de venir encore créer une source supplémentaire de dépenses en vue de l’adressage des risques de catastrophes. Alors que quoi qu’on dise, la survenue des catastrophes selon certain, ne relève que de l’incertitude ou parfois même, de la volonté de Dieu. Ou encore, pourquoi venir investir des millions voire des milliards de nos francs dans des actions de prévention de catastrophes pendant que les populations ont faim ou sont sans abri.
Dès lors, vu que les pays ne peuvent faire face seuls à tant de défis dans le même temps, en vue d’assurer la protection des populations et de l’environnement, la Communauté Internationale a décidé d’anticiper en consacrant de nombreux efforts et années à la recherche de solutions. C’est ainsi d’ailleurs, que depuis 29 ans, celle-ci a décidé de s’engager dans une démarche de Réduction des Risques de Catastrophe dite RRC. Tout d’abord, à travers le Cadre d’Action de Hyōgo 2005-2015, dont le relai est désormais assuré par le Cadre de Sendai 2015-2030, adopté par 187 pays lors de la 3ème Conférence Mondiale sur la Réduction des Risques de Catastrophe tenue du 14 au 18 mars 2015 à Sendai au Japon.
Mais avant, le 22 décembre 1989, l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies, à travers la résolution 44/236 qu’elle a prise, instituait la première Décennie Internationale de la Prévention des Catastrophes Naturelles 1990-1999. Cela, en vue d’instaurer une culture de la prévention des risques au plan mondial. Pour concrétiser cet engagement, le 21 décembre 2009, à travers la résolution 64/200, cette même Assemblée a décidé de désigner le 13 octobre de chaque année, comme date commémorative de la Journée Internationale de Prévention des Catastrophes ou JIPC. L’objectif étant de sensibiliser les communautés et les parties prenantes à la manière dont il faut réduire les risques pour rendre les populations résilientes face aux catastrophes.
En 2016, l’édition de la JIPC a été marquée par le lancement d’une campagne de sensibilisation initiée par le Bureau des Nations Unies pour la Prévention des Catastrophes (ONU-SIPC) ou UNISDR en anglais. Cette campagne a été axée sur les 7 objectifs du Cadre de Sendai 2015-2030. Intitulée « Sendai 7 objectifs, 7 années », cette campagne constitue depuis lors, une bonne opportunité pour toutes les parties prenantes dont notamment, les gouvernements, la société civile, les partenaires au développement, les ONGs, de promouvoir les meilleures pratiques dans tous les secteurs pour réduire des risques, les pertes et dommages liées aux catastrophes.
Depuis lors, chaque année, un thème lié aux objectifs du Cadre de Sendai 2015-2030 est retenu en vue de la célébration de la JIPC le 13 octobre de chaque année. A cette occasion, avant ou après cette date, les 138 pays qui se sont engagés à mettre en œuvre le Cadre de Sendai dont la Côte d’Ivoire, sont appelés à organiser des activités de sensibilisation et d’information (colloques, conférences, ateliers thématiques, campagne de communication média, etc.). En général, axées autour d’une thématique centrale, ces activités doivent porter sur des initiatives qui visent entre autres, à mieux faire connaitre les risques en vue de leur prise en compte dans la mise en œuvre des politiques de développement (information, éducation, prévention, urbanisme et construction, aménagement et travaux préventifs, etc.)
Pour cette année 2019, le thème retenu est centré sur le quatrième objectif du Cadre de Sendai à savoir : « Réduire considérablement la désorganisation des services de base et les dommages causés par les catastrophes aux infrastructures essentielles ». Et du fait que la Côte d’Ivoire se trouve être malheureusement confronté ces dernières décennies à des catastrophes d’origine naturelle ou autres situations de crise telles que des inondations, des glissements de terrain, des feux de brousse, l’érosion côtière, etc., l’Etat a décidé de s’inscrire résolument dans ce processus international afin de parvenir à réduire la vulnérabilité des communautés et de leur environnement.
C’est ainsi d’ailleurs, qu’au-delà de l’existence de l’Office Nationale de la Protection Civile (ONPC) et de bien d’autres structures impliquées dans la gestion des situations de catastrophes ou de crises, à la demande de l’Organisation de Nations Unies, la Côte d’Ivoire a décidé également de mettre en place tout comme plusieurs autres pays l’ont déjà fait, une Plateforme Nationale de Réduction des Risques et de gestion des Catastrophes (Plateforme RRC). Créée par décret n°201-988 du 10 octobre 2012, la Plateforme RRC est un cadre institutionnel intersectoriel d’analyse et de conseil pour la mise en œuvre de toutes des actions de l’Etat dans le domaine de la prévention, de la préparation, de l’atténuation ainsi que de l’intervention en cas de catastrophes. A ce titre, elle a pour rôle entre autres (i) de faire de la réduction des risques de catastrophes, une priorité ; (ii) d’identifier les risques présents sur le territoire national, de les prévenir et d’atténuer leurs effets ; (iii) de sensibiliser et d’éduquer les populations ainsi que l’ensemble des acteurs sur la notion des risques ; (iiii) de réduire les facteurs de vulnérabilité des populations et de l’environnement ; (iiiii) de se tenir prêt à agir en cas de catastrophe. Il convient d’indiquer, que suite à la nomination du Secrétaire Exécutif que je suis, la Plateforme RRC a démarré officiellement ses activités il y a de cela quelques mois.
Au chapitre des acquis en matière de RRC en Côte d’Ivoire, on constate aujourd’hui, que bien que pris en compte dans le Plan National de Développement de même que dans celui de la politique sociale du gouvernement, l’intégration de la notion de Réduction des Risques de Catastrophe dans les politiques sectoriels est effective à tout égard. Comme en témoigne d’ailleurs, les grands axes qui se dégagent du document élaboré en décembre 2019 sous l’impulsion de la Plateforme RRC et qui est dénommé « Nouvelle Stratégie Nationale de Réduction des Risques et de gestion des Catastrophes 2019-2024 ». Il s’agit d’un document qui a été élaboré suite à une large consultation menée en 2018 et qui s’inspire des leçons apprises entre autres, des inondations survenues au mois de juin 2018. Mais surtout, des résultats d’un exercice qui a porté sur l’évaluation des pertes, dommages et des besoins de relèvement post catastrophe encore appelé PDNA pour Post Disaster Needs Assessment suite à ces mêmes inondations.
Monsieur le SE, comme vous le dites, la Côte d’Ivoire n’entend pas rester en marge de cette vaste campagne mondiale. Que compte donc faire l’Etat de Côte d’Ivoire à l’occasion de la commémoration de l’édition 2019 la JIPC.
Nous pensons aujourd’hui aux centaines de millions de personnes menacées chaque année par des catastrophes naturelles ou de d’autres origines. Les effets dévastateurs de ces événements extrêmes sur les vies humaines, les moyens d’existence, les biens économiques et les infrastructures montrent clairement qu’il importe de promouvoir une culture de réduction des risques de catastrophe à tous les échelons de notre société. Déjà en 2016, 445 millions de personnes dans le monde ont vécu des tragédies imputables à des catastrophes naturelles. Au premier semestre de 2017, plus de 80 millions de personnes ont souffert principalement des effets des inondations, des glissements de terrain et des sécheresses prolongées qui ont frappé l’Asie, l’Amérique du Sud et l’Afrique, puis des ouragans ont semé la désolation dans des îles des Caraïbes et certaines régions des Etats-Unis, et des séismes meurtriers ont secoué le Mexique. Et fort malheureusement, ce sont les plus vulnérables qui sont toujours touchés de manière disproportionnée par les catastrophes, qui font chaque année basculer 26 millions de personnes dans la pauvreté. De ce qui précède, il devient évident que la question de la gestion des risques de catastrophe devient d’autant plus cruciale que le nombre d’événements météorologiques extrêmes a doublé au cours des 40 dernières années, aggravant ainsi l’exposition et la vulnérabilité de nos populations. Et comme solution, la Plateforme RRC estime que les actions à mener doivent passer par l’amélioration durable des mesures telles que : le développement de compétences, la promotion de l’emploi, les mesures permettant d’assurer la continuité de l’activité économique ainsi que l’établissement d’un environnement favorable à la croissance des entreprises et enfin, le renforcer de nos systèmes de protection sociale.
Enfin, il est indéniable que la mise en œuvre d’initiatives en faveur des jeunes – qui, dans les situations de crise, courent un très grand risque d’être privés d’éducation, de formation et d’accès à l’emploi – soit également considérée comme capitale. Dès lors qu’elles sont fondées sur la prise en main du processus par les acteurs locaux et sur la base d’un dialogue social, l’égalité et la non-discrimination, il s’agira d’initiatives qui permettront aux plus vulnérables de prendre leur destin en main, de renforcer la résilience des économies locales et de préparer les communautés à mieux faire
face à de futures catastrophes.

Au-delà donc d’une déclaration officielle qui sera diffusée sur les ondes de la télévision nationale le dimanche 13 octobre 2019, en collaboration avec les partenaires que sont, le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, celui de la Sécurité et de la Protection Civile, la Banque Mondiale, le PNUD, pour ne citer que ceux-là, la Plateforme RRC, dans le cadre de son premier exercice de fonctionnement, entend mener pour cette année 2019, une campagne médiatique de sensibilisation dans le cadre de laquelle se situe d’ailleurs cet entretien.
Je vous remercie.

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