Mesdames et Messieurs les Représentants des média,
Je voudrais, au nom de la Commission Nationale du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (CN-MAEP), vous adresser mes vifs et sincères remerciements pour les efforts que vous continuez de déployer pour communiquer sur les actions de la CN-MAEP en Côte d’Ivoire. Mais aussi, je voudrais vous féliciter pour le rôle joué en tant que partie prenante au processus de mise en œuvre du MAEP en Côte d’Ivoire.
Le Président de la République, SEM. Alassane Ouattara a signé le protocole d’adhésion de la Côte d’Ivoire au Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP) le 29 Janvier 2015. Le Chef de l’Etat montrait ainsi sa volonté de donner l’opportunité à la population ivoirienne de se prononcer sur l’état de la gouvernance mais aussi la possibilité de se faire évaluer par les autres Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays participants au MAEP.
Evaluation interne
La Commission Nationale du MAEP (CN-MAEP) a été créé en Juin 2015 pour conduire le processus d’évaluation interne de la gouvernance et de proposer et suivre les réformes visant à corriger les insuffisances relevées. Pour ce faire, la CN-MAEP a mis en place un cadre de dialogue impliquant les parties prenantes nationales notamment les Organisations de personnes en situation d’handicap, les Partis Politiques, l’Assemblée Nationale, la Chambre des Rois et Chefs Traditionnels, les Elus Locaux, l’Administration publique, les organisations syndicales, les organisations religieuses, les organisations de jeunesse, les organisations de femmes, les organisations paysannes, les professionnels des média, le secteur privé, ….
Dans le cadre de l’élaboration du Rapport National d’Autoévaluation (RNAE), les parties prenantes ont bénéficié de l’appui technique de l’Institut National de la Statistique (INS) et des Instituts Techniques de Recherches (ITR) que sont le Centre Ivoirien de Recherches et d’Etudes Juridiques (CIREJ), le Centre Ivoirien de Recherches Economiques et Sociales (CIRES), ainsi que celui de la Cellule d’Analyses des Politiques Economiques du Cires (CAPEC) et de l’Institut d’Ethno Sociologie (IES).
Le RNAE a connu plusieurs niveaux de validation. La dernière étape, celle du Gouvernement, a été effective le 30 mai 2018 en Conseil des Ministres. Le rapport national n’a subi aucune manipulation politique. A l’issu de cette dernière validation, le RNAE a été transmis au MAEP Continental c’est-à-dire le siège du MAEP.
Evaluation externe
Une mission externe du MAEP a séjourné en Côte d’Ivoire du 08 juillet au 30 juillet 2018 pour confirmer ou infirmer les conclusions du Rapport National d’Autoévaluation élaboré par la partie ivoirienne. Le Rapport sur la gouvernance, élaboré par la mission externe du MAEP, a été évalué par le Forum des Chefs d’Etat et de Gouvernement des 39 pays participant au MAEP. Cette évaluation est intervenue le 09 février dernier à Addis Abeba, en Ethiopie. Selon la procédure consacrée, l’évaluation du rapport de tout pays par cette Haute instance du MAEP se décline en trois phases : la présentation du rapport du MAEP, la réponse du Chef de l’Etat du pays évalué et les réactions des autres pays. Cette procédure a été strictement respectée dans le cas de la Côte d’Ivoire.
Le premier intervenant a été le Professeur Mahamoud Khayal, membre du Panel des Eminentes Personnalités du MAEP en charge de la Côte d’Ivoire. Dans sa présentation, Professeur Khayal a reconnu que le processus d’autoévaluation de la gouvernance en Côte d’Ivoire a suivi les principes du MAEP en matière de participation publique, d’inclusivité, d’objectivité et a répondu aux méthodes techniques de recherche.
Les points saillants qui ressortent du rapport du MAEP se déclinent comme suit :
En matière de Démocratie et de Gouvernance Politique : la Côte d’Ivoire a réalisé des progrès majeurs pour le retour de la paix après la crise post-électorale de 2010-2011, à travers notamment le processus de réconciliation nationale et d’indemnisation des victimes de la crise, la redynamisation des relations diplomatiques de la Côte d’Ivoire.
S’agissant de la Gestion et de la Gouvernance Economiques, le rapport a souligné le taux de croissance moyen de plus de 8% enregistré par l’économie ivoirienne sur la période 2012-2018, taux le plus élevé en Afrique et le 4ème dans le monde.
Dans le domaine de la Gouvernance d’Entreprise, le rapport a salué la pertinence des codes d’investissement, minier et pétrolier, adoptés par la Côte d’Ivoire ainsi que les activités menées par le Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI), dans le cadre du « Doing Business » en lien avec les parties prenantes et qui ont contribué à l’amélioration sensible de l’environnement des affaires.
Concernant le Développement Socioéconomique Durable à Large Assise, le rapport souligne que ces avancées importantes en matière de gouvernance se sont traduites au plan social par un plus grand accès à l’électricité (82% de la population en 2017), à l’eau potable (81% de la population en 2017), à la santé (68% de la population en 2018), à l’éducation (104,6% en taux brut et 91% en taux net de scolarisation au titre de l’année scolaire 2016 /2017).
Toutefois, le rapport a identifié quelques défis auxquels la Côte d’Ivoire doit faire face. Au nombre de ces défis figurent notamment le problème de la réconciliation, la persistance de la corruption, les faibles transferts des ressources aux collectivités décentralisées, la faiblesse du capital humain et de la qualité des infrastructures, la forte dépendance du pays de l’évolution des cours des matières premières, l’inégale répartition des fruits de la croissance expliquant la faible régression du taux de pauvreté de 48,9% en 2008 à 46,3% en 2015, le poids écrasant de l’économie informelle.
Pour relever ces défis, le rapport recommande de :
Assurer la décentralisation effective par les transferts réels des compétences et de ressources vers les régions,
Poursuivre les efforts de diversification de l’économie,
Améliorer la chaine de valeurs au niveau des cultures agricoles,
Elaborer une stratégie nationale de lutte contre la corruption qui impliquerait les secteurs public, privé et la société civile,
Rendre publiques les déclarations de patrimoine,
Renforcer les politiques de développement du capital humain à travers la formation des ressources humaines de qualité et les répartir sur l’ensemble du territoire national dans les domaines de l’éducation et de la santé avec une implication forte du secteur privé,
Développer la qualité des infrastructures et celle de la dépense publique allouée aux secteurs stratégiques,
Accélérer la mise en œuvre du programme social du gouvernement,
Instaurer un dialogue réel, franc et inclusif avec tous les acteurs politiques et sociaux pour une culture du pardon, de paix et de cohésion sociale et
Développer une conscience citoyenne par le respect de la loi et des institutions.
Enfin, il a donné quatre bonnes pratiques que la mission a observé en Côte d’Ivoire. Il s’agit :
De l’implication des autorités traditionnelles comme mode alternatif de règlement des conflits,
Des avancées en matière de critères de Doing Business pour lesquels la Côte d’Ivoire fait mieux que les pays de l’OCDE,
Du rôle de la Côte d’Ivoire comme pionnier de l’Accounting Development Tool et
De la pratique de l’économie circulaire comme un levier pour l’entrepreneuriat.
En réponse à l’évaluation, le Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, a, en substance, salué les pays membres du MAEP pour la considération accordée à son pays en se mobilisant dans le cadre de la fraternité africaine, en l’accompagnant dans ses efforts de développement. C’est au nom de cette fraternité et dans le cadre de la transparence dans la gestion des affaires publiques que la Côte d’Ivoire a adhéré au MAEP. Le Président de la République a reconnu que l’évaluation faite par la mission externe a été conforme à celle réalisée par les ivoiriens démontrant leur capacité à travailler ensemble pour surmonter les défis communs mais aussi à échanger avec leurs frères sur leurs défis. Tout en reconnaissant les défis auxquelles sont confrontés la population, il a décliné le programme social du gouvernement pour accélérer la réduction de la pauvreté.
Le Président de la République a insisté sur le fait que les actions du Gouvernement pour réduire le chômage des jeunes et améliorer les conditions de vie des populations constituent les principaux piliers du Programme social du Gouvernement de 2019-2020 doté d’une enveloppe de 727,5 milliards FCFA. Il vise (i) à fournir aux populations des services de santé de proximité, (ii) à améliorer la protection sociale, (iii) à renforcer les conditions d’accès et de maintien à l’école des enfants de 6 à 16 ans, notamment les jeunes filles, (iv) à améliorer les conditions d’étude et de vie des étudiants, (v) à favoriser l’accès des populations aux logements, à l’eau potable, à l’énergie, au transport, aux biens de grande consommation et (vi) à accroître l’accès des jeunes ainsi que des femmes, piliers de nos familles et de nos communautés à des revenus et à un emploi décent et stable.
Enfin, le Président de la République a pris note des défis et recommandations faites par le rapport. Il s’est donc engagé à apporter des réponses efficaces aux insuffisances relevées en matière de gouvernance en Côte d’Ivoire. C’est ainsi qu’il a instruit les parties prenantes à faire élaborer un Plan National de Gouvernance ambitieux et réaliste qui servira de cadre de référence pour mesurer les progrès réalisés et prendre en compte l’ensemble des mesures correctrices qui auront été proposées.
Suite à la réponse du Chef de l’Etat au rapport du MAEP, le Président du Forum des Chefs d’Etat et de Gouvernement du MAEP, Son Excellence Monsieur Idriss DEBY ITNO, Président du Tchad, a félicité la Côte d’Ivoire, pour la qualité du rapport et les prouesses économiques réalisées en si peu de temps. Il a aussi félicité le Président de la République pour son leadership éclairé qui ram que la Côte d’Ivoire est la locomotive de l’Afrique francophone.
Les sept (7) pays qui sont intervenus à la suite du Président du Forum (le Burkina Faso, l’Ile Maurice, le Benin, l’Afrique du Sud, l’Egypte, l’Algérie et le Congo) ont tous félicité la Côte d’Ivoire pour la qualité du rapport et les bons résultats obtenus après la crise politico-militaire qu’a connu le pays. Tout en saluant le leadership du Président de la République, ces pays ont souligné que la vision de la Côte d’Ivoire en matière de lutte contre la pauvreté devra inspirer tous les pays africains.
La participation de la Côte d’Ivoire au 28ème Forum des Chefs d’Etat et de Gouvernement est riche en enseignement et mérite que l’on retienne les points suivants :
L’engagement du Chef de l’Etat à faire élaborer un Plan National de Gouvernance ambitieux et réaliste qui servira de cadre de référence pour mesurer les progrès réalisés et prendre en compte l’ensemble des mesures correctrices qui auront été proposées.
Le processus du MAEP a été inclusif et participatif. Il n’a pas connu de manipulation politique de la part des gouvernants actuels.
Le rapport de la Côte d’Ivoire a été élaboré 3 ans seulement après son adhésion au MAEP, la deuxième meilleure performance au sein MAEP ;
Le leadership de la Côte d’Ivoire dans le cadre de la revitalisation du MAEP a été salué
Les conclusions et recommandations du rapport du MAEP rejoignent strictement celles des parties prenantes ivoiriennes.
Le rapport fera l’objet de publication dès la finalisation du Plan National de Gouvernance.
Je vous remercie de votre aimable attention.