La Côte d’Ivoire confirme son rôle moteur dans la finance islamique en Afrique de l’Ouest. En effet, le pays a été désigné invité d’honneur du International Forum on Islamic Finance West Africa 2025 (IFF West Africa), dont la 10ᵉ édition se tiendra les 23 et 24 juin prochains à Dakar, au Sénégal.
L’annonce a été faite lors de la conférence de pré-forum organisée à Abidjan-Plateau, le jeudi 12 juin 2025,.
Cet événement, orchestré par l’Institut Africain de Finance Islamique (IFF) en partenariat avec des institutions régionales, a réuni décideurs politiques, experts financiers et investisseurs pour débattre des opportunités qu’offre cette finance éthique et participative.
Une finance stratégique au service du développement
Intervenant à l’ouverture de cette rencontre, Mouhamadou Lamine M’Backé, président de l’IFF, a tenu à rappeler que la finance islamique n’est ni marginale ni strictement religieuse, mais une véritable alternative économique face aux défis de financement dans l’espace UEMOA.
« La Côte d’Ivoire est un acteur clé et a démontré un fort intérêt pour les sukuks, un levier essentiel de financement participatif », a-t-il souligné, mettant en avant la capacité de ces instruments à mobiliser des capitaux sans générer une dette classique.
L’engagement réaffirmé de la Côte d’Ivoire
Présent à cette conférence, Ismaël Komenan, sous-directeur à la Direction Générale du Trésor de Côte d’Ivoire, a réitéré l’engagement du pays en faveur de la finance islamique. Depuis 2015, l’État ivoirien s’est imposé comme le principal émetteur de sukuks dans la sous-région, avec un montant cumulé de 300 milliards FCFA.
« Nous voulons diversifier notre base d’investisseurs et enrichir les instruments de gestion de la dette publique », a-t-il affirmé, soulignant l’importance de tirer profit des expériences internationales présentées à Dakar.
Un potentiel encore sous-exploité
Malgré un marché mondial de la finance islamique estimé à plus de 4 000 milliards de dollars, la sous-région ne capte actuellement que 2 % de cette manne, comme l’a rappelé Soualiou Fadika, directeur exécutif de l’Association Professionnelle des Sociétés de Gestion de l’UEMOA (APSG).
« Nos États et entreprises ont besoin d’instruments innovants pour répondre aux défis croissants du financement », a-t-il expliqué, ajoutant que les sukuks dans l’UEMOA atteignent désormais 1 000 milliards FCFA, contre 21 000 milliards FCFA pour les obligations classiques.
Cap sur Dakar
Ce pré-forum à Abidjan marque ainsi une étape clé avant le grand rassemblement de Dakar. Celui-ci ambitionne de structurer un écosystème régional solide et d’accroître la sensibilisation des acteurs économiques ivoiriens aux opportunités qu’offre cette finance éthique, participative et durable.
Le rendez-vous est donc pris pour le 23 juin, où experts et investisseurs poursuivront les discussions afin de donner un nouvel élan à la finance islamique dans la région.