La Mutuelle des taxis compteurs d’Abidjan (MATCA) est au cœur d’une vive polémique. Réunis en conférence de presse ce mardi 20 mai à Abidjan, les membres du Collectif des sociétaires de taxis compteurs d’Abidjan (CSTCA) ont dénoncé la nomination de Dicoh Balamine en tant qu’administrateur provisoire, une décision gouvernementale qu’ils jugent inopportune.
Une décision contestée en pleine enquête financière
Face aux médias, Soumahoro Mamadou, président de la Maison des transporteurs de Côte d’Ivoire (MTCI) et porte-parole du collectif, s’est insurgé contre cette mesure qu’il qualifie de « précipitée et incompréhensible ». Selon lui, un audit en cours aurait déjà mis au jour de graves irrégularités financières.
« À mi-parcours, l’enquête révèle la disparition de plusieurs milliards de FCFA. Et brusquement, l’État décide de suspendre le processus en nommant un administrateur provisoire. Est-ce l’audit qui dérange ? », a-t-il interrogé devant une assemblée de chauffeurs, syndicalistes et acteurs du transport urbain.
Une autonomie menacée
Soumahoro Mamadou souligne que Séri Kanon Roger, actuel directeur général par intérim, a été investi par le Haut conseil des transporteurs de Côte d’Ivoire, garantissant sa légitimité. Son remplacement au cours d’un redressement en cours constitue, selon lui, « une atteinte à l’autonomie des mutuelles » et pourrait compromettre l’éclatement de la vérité sur les malversations dénoncées.
Les chiffres avancés par le CSTCA traduisent un déclin inquiétant de la mutuelle. Alors qu’elle comptait 28 000 taxis sociétaires enregistrés, seuls 5 000 seraient encore actifs. Plus alarmant encore, ses réserves financières, autrefois estimées à plusieurs milliards, ne s’élèveraient désormais qu’à 500 000 FCFA.
Tensions et appel à la médiation
La contestation a pris un tournant violent le lundi 19 mai, lorsque des affrontements ont éclaté devant le siège de la MATCA au Plateau. Des blessés légers et des dégâts matériels ont été signalés après des heurts entre des sociétaires opposés à la nomination et les forces de l’ordre.
Malgré ces tensions, le CSTCA réaffirme son attachement au calme et au dialogue. Il exhorte les autorités à « reconsidérer cette mesure au nom de la transparence, de la justice et du respect des sociétaires ». À l’heure où l’avenir de la mutuelle est suspendu à cette décision controversée, des observateurs du secteur du transport appellent à une médiation urgente pour éviter une crise ouverte.