Ordonnance N° : 2024-368 du 12-06-2024
Objet : Droit de Réponse à la récente audience accordée au Conseil des Apôtres de Côte d’Ivoire (CACI) par le Directeur Général des cultes Monsieur BAMBA MESSAMBA.
Monsieur le Directeur Général des Cultes,Je me permets de vous adresser ce droit de réponse afin de réagir fermement à l’audience que vous avez accordée, le mercredi 26 février 2025, à une délégation du Conseil des Apôtres de Côte d’Ivoire (CACI). Si cette initiative témoigne d’une volonté apparente de dialogue, elle soulève néanmoins des inquiétudes profondes quant à la représentativité réelle de cette organisation et, surtout, quant à votre attitude à l’égard de l’Église dans son ensemble en Côte d’Ivoire.
Tout d’abord, permettez-moi de vous rappeler, avec la plus grande fermeté, que le CACI, une organisation, ne saurait être votre instrument ou le cheval de Troie de déstabilisation de la communauté évangélique. S’il est vrai que le CACI est allé à la source pour comprendre le procédé et le mécanisme de ces ordonnances conigènes, ne le brandissez pas comme un bouclier de combat contre l’Eglise. Nous sommes respectueux des textes mais ne faites pas des évangéliques des parias qu’il faudra museler et faire disparaître par des moyens non recommandables.
En omettant de consulter les présidents de fédérations et les leaders du monde évangélique, ces figures incontournables, vous commettez une grave erreur de jugement et manifestez un manque de considération flagrant pour les institutions religieuses qui ont bâti et soutenu la spiritualité ivoirienne. Votre attitude, depuis votre arrivée à la tête de la Direction Générale des Cultes, laisse perplexe.
Au lieu de favoriser un dialogue inclusif, vous semblez privilégier certaines organisations au détriment d’autres, créant ainsi un climat de division et de méfiance au sein de la communauté chrétienne. Cette approche discriminatoire est inacceptable et constitue une insulte à l’égard de l’Église dans sa diversité.
Par ailleurs, votre manière de gérer les questions relatives à l’ordonnance n° 2024-368 du 1206-2024 soulève de sérieuses interrogations.
Si vous avez cru bon de « simuler des cas pratiques » pour expliquer les articles dits « litigieux » au CACI, vous avez en revanche négligé de consulter les véritables représentants de l’Église, ceux-là mêmes qui ont une connaissance approfondie des réalités du terrain et des besoins spirituels de nos fidèles.
Cette omission délibérée est non seulement un vice de procédure, mais elle démontre également une méconnaissance inquiétante des enjeux religieux en Côte d’Ivoire.
A ce sujet, nous sommes en phase de nous demander en foi de quoi vous êtes intervenu dans l’élaboration de cette ordonnance quand vous-même êtes loin
de l’église évangélique en termes de relation Direction de tutelle-Eglise.
Vous avez invité le CACI à « éprouver » cette nouvelle ordonnance, en attendant d’éventuelles retouches. Cependant, une telle démarche ne peut être valable que si elle inclut l’ensemble des parties prenantes, y compris les hauts dignitaires de l’Église protestante et évangélique.
Ces derniers, par leur expérience et leur sagesse, sont les mieux placés pour apporter des contributions constructives et équilibrées à ce texte.
En les excluant de ce processus, vous risquez de compromettre l’équilibre et la légitimité de cette ordonnance, tout en alimentant un sentiment de marginalisation au sein de la communauté chrétienne. Il faut signifier que votre prise de fonction à la tête de la direction générale des cultes est marquée par un manque de respect envers l’église protestante évangélique, et c’est scandaleux !
Vos actes sont ceux d’un tyran sectaire, obsédé à la discrimination et la marginalisation des chrétiens évangéliques. Votre parti pris est flagrant, votre mépris, intolérable.
Nous dénonçons avec la plus grande véhémence vos actes de profanation envers la communauté évangélique et ses pères dont les cas sont légion.
Vous accordez plus d’audiences, plus de révérence aux leaders musulmans en témoignent vos nombreuses absences injustifiées dans les cérémonies religieuses chrétiennes officielles. Votre manque de soutien aux actions chrétiennes est notoire mais vous êtes parrain et invité d’honneur aux premières loges dans certains évènements musulmans où vous y allez sans conditions.
Nous n’avons rien contre nos frères musulmans mais vos agissements narcissiques nous laissent entrevoir aisément que la direction générale est votre propriété privée pour servir les intérêts d’une seule religion, ce qui serait en opposition avec la laïcité de notre pays.
Que dire alors du traitement des inégalités dans l’attribution des places relatives aux pèlerinages entre chrétiens et musulmans.
Eu égard à ce qui procède, notre volonté est que le Chef de l’Etat jette un regard plus approfondi sur le mode de gestion de la direction générale des cultes dont Monsieur MESSAMBA BAMBA en a fait son champ personnel. Il ressort de ce qui suit que les droits les plus élémentaires des chrétiens évangéliques sont lésés depuis une décennie par une société sécrète aux desseins inavoués.
En outre, il est regrettable que vous n’ayez pas saisi l’occasion de cette audience pour reconnaître publiquement le rôle central de l’Église dans la société ivoirienne. Au lieu de cela, vous avez semblé minimiser les préoccupations légitimes exprimées par le porte-parole du CACI, notamment concernant les articles 30, 32, 47 et 77 de l’ordonnance. Ces articles, qui touchent à des questions sensibles telles que la promotion du genre, les dons et legs, les rapports d’activités et l’intervention des religieux étrangers, méritent une attention particulière et une consultation approfondie avec l’ensemble des représentants de l’Église.
Enfin, je tiens à vous rappeler que l’Église en Côte d’Ivoire n’est pas une entité monolithique, mais une mosaïque riche et complexe de traditions, de pratiques et de visions. En ignorant cette réalité, vous faites preuve d’indifférence flagrante envers les institutions religieuses et leurs leaders. Votre attitude, loin de favoriser l’unité et la collaboration, risque de creuser un fossé entre l’État et l’Église, ce qui serait préjudiciable pour l’ensemble de la société ivoirienne.
En conclusion, je vous exhorte à revoir votre approche et à adopter une attitude plus inclusive et minutieuse à l’égard de l’Église en Côte d’Ivoire. Il est impératif que vous consultiez les véritables gardiens de la foi, notamment les hauts dignitaires de l’Église protestante et évangélique, afin de garantir que les décisions prises reflètent les besoins et les aspirations de l’ensemble de la communauté chrétienne.
GRAND MEDIATEUR EVANGELIQUE
Evêque Dr Jonathan GBA