CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LA SITUATION SOCIO POLITIQUE ACTUELLE EN COTE D’IVOIRE/DÉCLARATION LIMINAIRE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU PCRCI

CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LA SITUATION SOCIO POLITIQUE ACTUELLE EN COTE D’IVOIRE/DÉCLARATION LIMINAIRE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU PCRCI

Edité par

Mesdames et Messieurs les journalistes,
Honorables membres du Comité central du PCRCI
Chers camarades
Mesdames et messieurs,

Merci d‘avoir répondu à l’invitation du Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire. Nous allons parcourir ensemble, la situation socio politique actuelle, riche en évènements et faits, qui interpellent tous les ivoiriens. Nous allons tour à tour parler de la gouvernance du président Alassane Ouattara, du processus électoral. Nous tirerons des leçons de cette situation socio politique et dégagerons les tâches à accomplir par les forces progressistes, pour aider à faire avancer la lutte contre le pouvoir Ouattara. Mais avant, nous dirons quelques mots de la scission qui est intervenue au PCRCI en 2017, de sa signification et de ses répercussions.

Mesdames et messieurs,

Les contradictions qui étaient internes au PCRCI sont désormais sur la place publique. En effet vous constatez que le siège du PCRCI est désormais au Plateau dans les locaux où vous êtes, au 2ème étage de l’Immeuble Angoulvant, 5, Rue Thomasset. Vous avez certainement appris aussi, que le samedi 17 février 2018, s’est tenue une manifestation appelée par les auteurs ‘’installation du Parti Communiste de Côte d’Ivoire (PCCI)’’, à l’ancien local sis à Williamsville qui servait de siège au Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire (PCRCI). Ces deux évènements signifient que quelque chose s’est produit au PCRCI.
En effet, le 20 aout 2017, des ex-militants du PCRCI ont créé le Parti Communiste de Côte d’Ivoire (PCCI), opérant ainsi une scission.
Que s’est-il passé pour en arriver là ? En septembre 2016, le Comité Central (CC) du Parti Communiste révolutionnaire de Côte d’Ivoire a, à une large majorité décidé, de mener le combat contre le projet de constitution de la 3ème république, proposé par le pouvoir Ouattara. Un groupe de militants minoritaires au sein de la direction, préconisaient un soutien à cette constitution parce que, selon eux, celle-ci aurait effacé les traces de l’ivoirité ; elle serait une très grande avancée au plan des libertés et de la démocratie.
Suivant les principes organisationnels qui régissent le PCRCI, la décision majoritaire a été appliquée. Ainsi, le parti s’est engagé avec la coalition du NON et le Front du REFUS dans le combat contre le projet de cette constitution. Les minoritaires ont, tout au long de cette lutte, mené une campagne active pour le OUI, diffusé au sein du parti la désobéissance aux directives du CC. Après que le pouvoir Ouattara a fini d’imposer par la répression et la fraude, cette constitution, ils continuèrent leur campagne d’attaque contre le parti. Ils faisaient campagne pour que le CC soit débarqué parce qu’il aurait commis une faute lourde, celle de battre campagne contre cette constitution. Manifestement le Parti était face à un courant de droite de soutien au pouvoir Alassane Ouattara. Ce courant avait la charge de prendre la direction du Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire ou à défaut de le désorganiser.
Surs de leur fait, ces minoritaires exigèrent un congrès pour prendre la direction du parti. La direction du parti accepta le tenue de ce congrès, afin de clarifier une bonne fois pour toute, le flottement idéologique et politique qui commençait à paralyser les activités. Ce congrès, tenu le 14 avril 2017, à une majorité écrasante, rejeta la ligne de soutien au pouvoir RHDP, donna un avertissement aux minoritaires pour leur indiscipline et leurs actions de désorganisation.
Après cette défaite cuisante, les minoritaires continuèrent dans les actions de désorganisation du parti. Alors, le CC conscient de l’’objevtif de ces éléments nuisibles, à savoir paralyser le PCRCI, les a suspendus de toutes les structures. Ces opportunistes ont fini par créer leur parti le 20 aout 2017. Un des grands animateurs de ce courant de soutien au RHDP, qui avait donné son appartement au PCRCI pour lui servir de siège, nous demanda de quitter sa propriété. Ce qui a été fait depuis le 7 janvier 2018. Le PCCI est un outil pour ces opportunistes, ces renégats, pour semer la confusion au sein des révolutionnaires, de jeter le trouble dans les organisations ouvrières et paysannes afin de tenter d’aider à sauver le pouvoir Ouattara. Tels sont les faits qui expliquent pourquoi nous sommes au Plateau et pourquoi nos anciens locaux sont occupés par le PCCI.
Mesdames et messieurs,

La Côte d’Ivoire vit en ce moment une situation de crise aigue au plan économique, politique et social: La gouvernance de Ouattara qui devait emmener la Côte d’Ivoire en l’espace de dix ans, à « l’émergence », fait plus tôt craindre le pire pour les jours à venir.
Au plan économique, l’on assiste à un accroissement exponentiel de la dette publique; le pouvoir Ouattara, le FMI et la Banque Mondiale expliquent que la Côte d’Ivoire a encore une large marge d’endettement et qu’elle peut encore emprunter. Ils tentent, par ces dires, de lever les inquiétudes légitimes des ivoiriens. Or un tel raisonnement économique n’est valable que si les endettements en cause, servent au financement d’investissements productifs. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, le gouvernement s’endette pour financer ses dépenses de fonctionnement ; il s’endette pour financer son train de vie. Les quelques travaux réalisés que l’on peut qualifier d’investissements rentables, sont surfacturés, de mauvaise qualité. Les entreprises attributaires des marchés sont propriétés des membres du clan présidentiel. Ce sont donc des fonds qui se retrouvent en définitive dans la poche des gouvernants. Le rejet par le patronat ivoirien de l’annexe fiscale de l’année 2018, va avoir comme conséquence directe, la réduction des ressources fiscales ; un besoin d’endettement accru va alors s’imposer.
Au plan politique, l’on assiste à des actes répétés de défiance à l’autorité de l’Etat. Des commissariats sont brulés, des agents des forces de défense et de sécurité sont pris à partie, blessés, tués. Des bureaux de Préfets et Sous Préfets son saccagés par des populations en colère. La grande muette est toujours en proie à des révoltes, pire à des affrontements entre corps militaires. Les dissensions se multiplient au sommet de l’Etat entre les alliés. C’est comme si l’on était à la veille d’un bouleversement. C’est comme si l’on s’acheminait inexorablement vers le chaos.
Au plan social, la cherté de la vie du fait d’une augmentation anarchique des prix des denrées de première nécessité et des service, la baisse des revenus des masses travailleuses en particulier les paysans spoliés des fruits de leur travail (baisse de 36 % du prix du cacao en un an) , le déguerpissement des petits commerçants des bords de la route et des marchés précaires pour installer les grandes surfaces, le chômage chronique surtout dans la frange jeune de la population, sont les causes principales de la misère croissante. La conséquence directe est l’accroissement de la délinquance et du banditisme, la ruée vers l’Europe, les pays arabes pour les jeunes avec les échos dramatiques qui nous parviennent.

Mesdames et messieurs,

Le paradoxe est que cette situation sociale des masses populaires se dégrade au fil du temps, tandis que la croissance économique selon les statistiques officielles est de 9% par an depuis 5 ans. Ce paradoxe s’explique par le fait que cette croissance ne profite qu’à une infime minorité de la population, les membres du clan présidentiels et leurs alliés. Ceux-ci s’attribuent les marchés publics de gré à gré, surfacturent les produits et services vendus à l’Etat, pillent les caisses dans l’impunité totale.
En sus de cette situation sociale préoccupante, le pouvoir Ouattara est incapable de faire face aux préoccupations du peuple : Incapable de faire face aux revendications sociales d’une frange importante d’agents de l’Etat qui sont contractuels à vie dans les hôpitaux, les sous préfectures, les préfectures, les mairies, etc. Incapable de régler les conflits intercommunautaires ; les conflits relatifs au foncier rural entre communautés se multiplient dans toute la Côte d’Ivoire sans que des solutions durables ne soient appliquées. Incapable de protéger les populations contre le grand banditisme et les criminels.

Mesdames et messieurs

Empêtré dans les contradictions ci-dessus décrites, pour ne pas avoir à rendre compte de sa gestion, Ouattara n’entrevoit comme issue que le maintien de son pouvoir envers et contre tout. Ses adeptes ont déjà commencé la propagande pour ce troisième mandat : Chefs traditionnels et chefs religieux véreux, ne se gênent pas de ‘’souhaiter’’ un troisième mandat à Alassane, afin disent-ils d’éviter le chaos à la Côte d’Ivoire. Ouattara le mal de la Côte d’Ivoire, est ainsi présenté par ces griots comme le messie qui va nous sauver.
Mais Ouattara sait que la partie ne sera pas facile pour lui, s’il se présente aux présidentielles 2020. Ses alliés du PDCI, des Forces Nouvelles et même certains barons du RDR ne peuvent pas accepter une telle forfaiture. Alors, pour ne pas prendre le risque d’un échec électoral, Ouattara met en place sans détour les structures et les moyens de la fraude électorale pour 2020.
En prévision à ce hold-up électoral, il a imposé par la fraude une constitution en octobre 2016 qui le rend éligible. Le Conseil Constitutionnel, de par les dispositions de la Constitution anti-démocratique de la 3ème république, est un autre outil électoral chevillé à lui
La carte la plus importante qu’il veut avoir en main, après la constitution et le CC, est la Commission Electorale Indépendante (CEI). Le pouvoir Ouattara veut maintenir cette institution frappée d’illégalité et d’illégitimité.
Rappelons quelques aspects de l’illégalité de la CEI et du président de cette institution.
Saisie par l’Action pour la Protection des Droits de l’Homme (APDH), à fin de constater la non conformité de la CEI aux normes internationales en matière d’élection, de démocratie et de bonne gouvernance, la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, a, le 18 Novembre 2016, sommé l’Etat de Côte d’Ivoire de modifier la loi organique de cette institution, afin de corriger les écarts avec les lois internationales, dans un délai d’un an maximum. Suite à cette décision de la cour, l’Etat de Côte d’ivoire a fait appel. La cour, le 28 septembre 2017, l’a débouté. Ainsi nous sommes face à une CEI illégale avec laquelle le gouvernement Ouattara veut organiser ces élections.
Cette CEI dans sa composition actuelle est déséquilibrée. Le gouvernement Ouattara a, à travers tous ses démembrements, une mainmise totale sur cette institution. En plus d’être illégale, la CEI a du mal à mettre à jour les listes électorales. Beaucoup d’ivoiriens en âge de voter n’ont pas de carte nationale d’identité. Dès lors ils ne peuvent pas s’inscrire sur les listes électorales
Selon les textes qui régissent la CEI (article 9), son Président après six ans passés à la tête de cette institution n’est plus éligible à ce poste. Or Monsieur Youssouf Bakayoko est président depuis le 25 février 2010 et a été reconduit frauduleusement en 2014 par Monsieur Ouattara. Ses 6 ans étant largement épuisés, il doit dégager pour fin de mandat, mais aussi pour les fautes graves qu’il a eues à commettre à la tête de cette institution: tripatouillage des élections législatives de 2011 et 2016, instauration de deux bulletins de vote au référendum constitutionnel d’octobre 2016 afin d’organiser le bourrage des urnes, etc. sans oublier la gestion scabreuse des élections présidentielles de 2010 qui ont endeuillé la Côte d’Ivoire.
C’est avec étonnement donc que les ivoiriens constatent que depuis le début du mois de janvier 2018, Monsieur Youssouf Bakayoko et son équipe de la Commission Electorale Indépendante ont commencé à manœuvrer pour s’imposer. Faisant fi de l’illégalité de cette institution et du mandat de son président, ils tentent d’harmoniser les textes régissant les élections avec la nouvelle constitution de la 3ème République.
Le gouvernement de son côté, vient, dans le mépris total de la constitution, de promulguer une ordonnance, qui organise le sénat et en arrête le chronogramme des élections.

Mesdames et messieurs

La société ivoirienne est malade. Elle est malade de la gouvernance de Ouattara basée sur la corruption, l’enrichissement illicite, les rackettes, l’injustice, les jugements fantaisistes. Elle est malade du maintien en détention de prisonniers politiques.
La Côte d’Ivoire va mal, le pays court vers le chaos si rien n’est fait, ne cessent de dire et répéter le PCRCI et les partis politique de l’opposition qui veulent une autre gouvernance et les organisations de la société civile qui militent pour l’Etat de droit dans notre pays. Tous les groupements politiques d’opposition sans exception sont d’accord avec ce diagnostic. Les dissidents du RHDP ne disent pas autre chose en coulisse ou sur la place publique pour les plus courageux. C’est une première dans notre pays qu’il faut saluer.
Il faut donc guérir cette maladie qui est déjà diagnostiquée par les forces de progrès. Le mal de la Côte d’Ivoire, c’est la gouvernance de Ouattara, mais c’est aussi le système sur lequel il est assis, le système néocolonial où les puissances impérialistes, en première position, la France, dictent les choix stratégiques dans les domaines économiques et politiques, un système qui protège le pouvoir Ouattara.
Le mal diagnostiqué, il faut en pareilles circonstance, une thérapie de choc qui n’est autre que la rupture avec ce système. Il faut une rupture avec le pouvoir Ouattara, une rupture avec le système néocolonial. Il faut un pouvoir conquis par le peuple et pour le peuple. Cette bataille ne peut être gagnée que par un peuple mobilisé et prêt à prendre son destin en main. Toute autre voie putschiste ou de remodelage du système est à écarter.
La tâche est donc immense et va au delà des luttes, somme toute légitimes et nécessaires, pour des conditions d’élections transparentes. Il nous faut avancer avec courage et abnégation en rangs serrés, pour que le mouvement actuel d’organisation et de protestation du peuple se raffermisse, et que dans un élan patriotique, partis d’opposition, société civile pointent leurs flèches sur une seule cible le pouvoir Ouattara et le système néocolonial qui le soutient. Tel est l’appel que le PCRCI lance à tous les patriotes pour sauver notre pays.

En avant pour le pouvoir du peuple, dans une Côte d’Ivoire émancipée

Je vous remercie
Abidjan le 28 février 2018

Achy Ekissi
Secrétaire Général du PCRCI

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