Côte d’Ivoire :Causerie débat autour de l’œuvre « Titrologie :La Guerre des tranchés médiatiques en Côte d’Ivoire » du Dr Coulibaly Nanourougo

Côte d’Ivoire :Causerie débat autour de l’œuvre « Titrologie :La Guerre des tranchés médiatiques en Côte d’Ivoire » du Dr Coulibaly Nanourougo

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Abidjan Plateau, ce jeudi 23 juin 2022,L’UNJCI et la Maison de la Presse d’Abidjan ont organisé une causerie débat autour de l’œuvre « Titrologie :La Guerre des tranchées médiatiques en Côte d’Ivoire » du Dr Coulibaly Nanourougo.

Nanourougo COULIBALY est enseignant-chercheur à l’université Félix Houphouet￾Boigny d’Abidjan, Directeur de l’axe Analyse du discours de l’Observatoire National de la Vie et du Discours Politiques (ONVDP), et Directeur de la Cellule Cogito du Réseau Africain
d’Analyse du Discours (R2AD). Il dispense des cours de rhétorique argumentative et ses travaux de recherche portent sur les discours de l’espace public en Afrique francophone.

L’ouvrage intitulé Titrologie La guerre des tranchées médiatiques en Côte d’Ivoire se veut avant tout une contribution intellectuelle à la construction d’une communication inter￾médiatique de nature à former le lecteur comme citoyen. En cela, il s’agit d’un ouvrage lui￾même citoyen en ses fondements et objectifs. La problématique que pose cette production n’est pas nouvelle en Côte d’ivoire. La titrologie a été abordée sous des facettes et des moyens qui vont de l’homélie à la harangue. On se souvient par exemple d’un titre zouglou qui satirisait cette pratique avec l’humour qu’on connait à ce genre musical. Mais si le phénomène de la titrologie est connu et traité de longue date, c’est bien la première fois qu’un ouvrage universitaire lui est dédié du point de vue de l’analyse du discours.

Quel en est donc la matière ? En substance, il comporte six chapitres. Le Chapitre un est intitulé « Le champ médiatique ivoirien ». Ici, l’ouvrage pose un diagnostic méticuleux partant des indépendances à l’ouverture de la presse ivoirienne c’est-à-dire sa libéralisation depuis les années 90 et les enjeux sociaux de cette relative liberté. Ce regard rétrospectif sur le champ médiatique ivoirien depuis les indépendances permet d’établir deux périodes fondamentales pour l’auteur. Une première part de 1960 à 1990, date du retour au
multipartisme. La seconde part de l’année 1990 à la première décennie du 21ème siècle.
Chaque période est analysée quantitativement et qualitativement.

Ce chapitre est aussi un passage en revue des différentes émanations du discours de presse en Côte d’Ivoire. Il décrit avec minutie et perspicacité la logique de champs de force qui gouverne l’action médiatique ivoirienne et la cartographie praxistique qui résulte de son fonctionnement.
Le chapitre deux porte sur « La configuration générale des titres de couverture ». Un abécédaire rigoureux des considérants discursifs, graphologique, iconiques, plastiques, sémantiques, bref sémiologiques de l’ordre unaire comme horizon normatif et inventif est élaboré. Ainsi, outre les catégories génériques propres à la constitution des titres, une
inventivité contextuelle est en vigueur à la pratique. Il en résulte que le titre de presse ivoirien
est descriptible comme le discours du locuteur-journaliste, le discours attribué à un tiers, la congruence des voix et points de vue de l’espace discursif des titres eux-mêmes et l’interdiscours ou le discours interlocutif dans le réseau discursif des titres de couverture dans leur ensemble.

Le chapitre trois intitulé « L’engagement énonciatif du journaliste » est un rappel de la
condition éthique du journaliste. La déontologie des métiers de presse constituant un posé universel, comment les hommes de presse ivoirien s’accommodent ou se distancient de cette norme ?

cela transparait à travers la mise en scène du locuteur envisagé comme porteur d’une condition de subjectivité énonciative dont la réaction émotive est l’un des exemples les plus expressifs. Il faut y ajouter en outre l’expression d’opinions personnelles dont une modalité courante est la désignation la désignation des êtres, des choses et des phénomènes occupant l’espace public. Il en ressort que derrière le paravent de l’objectivité,

« l’énonciation journaliste telle que mise en évidence dans les titres de la presse écrite ivoirienne révèle que les titres à la Une contribuent à la construction de l’identité des journalistes mais également des journaux dans lesquels ils écrivent ».
Le chapitre quatre est intitulé « Le discours polémique à l’œuvre dans les titres ». Si l’énoncé titulaire constitue un acte initiatif, s’il est au cœur d’une interaction sociale, pour Nanourougo « cette configuration polyphonique et dialogique » se caractérise aussi bien par « la multiplicité des voix qui s’y rencontrent, s’y confrontent et s’y affrontent pour faire de ce
réseau discursif un espace de coénonciation », que par la mise en évidence des « positions
idéologiques » constituant une aperture rentable à l’exercice d’un cadre polémique au centre
duquel se trouve le locuteur-journaliste. En mettant en parallèle les protagonistes de la polémique et l’objet de la polémique, l’auteur exploite la polémicité des désignations dans les titres de couvertures des médias ivoiriens et leur circulation discursive comme opérateur de polémique. L’action polémique étant perceptible comme discours argumentatif, elle évolue non seulement à partir de la vulgarisation d’une lecture orientée des événements mais aussi par
le recours aux émotions dans les titres de couverture. De ce jeu ressort la question existentielle
de la prééminence de l’essence. Les titres de presse sont-ils influencés par le discours social et politique ou, à l’inverse, ce sont les titres qui influencent la société ?

C’est la question traitée dans le chapitre cinq intitulé « Médias acteurs ou médias instruments ? » En Côte d’ivoire, les points de vue et positionnements politiques se sont malheureusement radicalisés. C’est la cause première de tout conflit armé car les armes sont
d’abord et avant tout les mots de l’affrontement. La pragma-dialectique partage un tel postulat.

Ainsi, « c’est dans cette perspective énonciativo-pragmatique que la confrontation révélatrice
d’une vision manichéenne, dans laquelle chaque pôle se présente comme l’incarnation du bien
absolu pendant, que l’autre incarne le Mal tant par son être que par ses actes ». En gros, pour Coulibaly « l’orientation des médias vers une visée persuasive, qui se manifeste dans les titres de couverture, contribue au maintien et à la fortification des pôles antagoniques hérités du champ politique ».

Le chapitre six « Titre de “une” dans l’espace public ivoirien : informer ou communiquer ? » poursuit l’interrogation précédente. D’un point de vue générique, le discours unaire, en tant qu’énoncé journalistique, renvoie à la mise en œuvre d’une dichotomie entre
discours politique et communication politique. Si le titre de couverture relève de ces deux
ordres de perception, il est aussi envisageable comme discours de propagande largement inféodé au culte de l’image et de la personnalité.

Au total, ces six chapitres mettent aussi bien l’acteur de presse ivoirien que le politique et le consommateur ou lecteur lambda en face de ses responsabilités citoyennes. Le premier en raison de la licence que lui offre son statut inhérent au sacro-saint concept de la liberté de la presse, a une responsabilité non négligeable dans la fracture idéologique et politique en Côte d’Ivoire. Le second, n’oeuvrant pas à réduire cette fracture apparait comme complice des pratiques manipulatoires observées. Le troisième, lui, est doublement interpelé. D’une part le postulat de quintessence du titre souffre d’une visée commerciale évidente. S’arrêter au titre sans découvrir les articles afférents est un gage de zombification. D’autre part, et en dépit de la tentation de radicalisation des postures, il ne faut envisager les titres que comme un jeu discursif, un jeu interlocutif qui devra rappeler au politique que la conquête du pouvoir doit redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un jeu faisant de l’autre non pas le Mal incarné ou l’ennemi à abattre, mais le concurrent, l’adversaire, qui à défaut d’être le camarade,
peut être l’ami ou le frère.

 

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