Après leur rencontre avec le Professeur Adama DIAWARA, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, le collectif des Docteurs non recrutés s’est réuni ce samedi 27 novembre 2021, dans la commune de Yopougon pour, selon le Docteur Gouledei Jean Alda, Docteur en histoire de l’Afrique à l’Université de Cocody l’un des porte-voix du collectif, Consolider les acquis du combat qu’ils mènent depuis le 21 octobre pour leur intégration dans le domaine professionnel, afin d’être des personnes utiles pour leur pays, la Côte d’Ivoire. Ils veulent également montrer à l’Etat de Côte d’Ivoire que ses enfants qui ont été formés, sont prêts pour travailler. Et enfin, ils ont voulu attester à l’ensemble des Docteurs non recrutés, que le collectif travaille bel et bien pour eux et qu’ils doivent lui faire confiance et faire confiance à l’Etat de Côte d’Ivoire.
Interrogé sur ce qui pourrait être à l’origine de cette situation de non recrutement d’un aussi grand nombre de personnes pourvues d’un diplôme aussi élevé qu’est le Doctorat, le Docteur Gouledei Jean Alda a répondu : « Cette question renvoi à la reprise en 2012-2013. En 2010-2011, il y avait la crise. Et après la crise, L’Université était fermée et quand on est arrivé en 2013, nous sommes passé carrément à un basculement intégral au système LMD (Licence Master Doctorat), or l’Université n’était pas prête pour accueillir ce système. Nous disons que l’Etat devait normalement planifier cela. Nous sommes nombreux parce qu’il n’y a pas eu de planification. Le système de gestion des Docteurs n’est pas bien outillé, il n’est pas bien rôdé. Nous avons commencé notre cursus avec le système des UV (Unités de Valeur) et après la crise, nous étions déjà en Licence 2, en licence 3, en Maîtrise. Par exemple, moi, j’ai la Maîtrise de recherche, je n’ai pas fais le Master. Et quand je suis revenu, j’ai fait le DEA. Entre temps, l’ancien système été sélectif, or maintenant après la Licence 3, tout le monde va faire la Recherche. Mais ceux qui n’ont pas fait de recherche, où vont-ils travailler après ? Or avant, il y avait l’option Maîtrise appliquée, ceux qui voulaient aller à l’INS, ceux qui voulaient entrer dans l’administration, faire la Maîtrise de recherche et ceux qui pensaient : moi je n’ai pas besoin de faire des recherches pour faire le Doctorat. Maintenant, ce n’est plus comme avant. Le LMD ouvre la porte à tout le monde pour aller faire des recherches ; ce qui fait que, s’ils sont 100 qui font la Licence 3, quand ils vont en Master, ils sont 100 en Master, et 100 en Doctorat. »
Aux dires du Docteur Gouledei, la mauvaise planification du système LMD serait à l’origine de cette situation de docteurs non recrutés, et cela est très pertinent en ce sens que, si rien n’est fait selon lui, le pire reste à venir. Cette manifestation serait pour eux, l’occasion d’interpeller l’Etat sur ce fait :
« Nous sommes des enfants qui ont été sacrifiés sur la table du basculement intégral du système LMD. Et en dehors de nous, il y a des cadets qui arrivent encore. Nous sommes 3000, mais ceux qui sont derrière sont encore plus nombreux. En somme, nous faisons ça, pour inviter l’Etat à penser planification, je dis bien à penser planification, pour permettre que le système LMD puisse bien marcher. »
Pour corroborer ses propos, le docteur a présenté l’exemple de l’école doctorale qui serait en porte-à-faux.
« Dans le système LMD, il y a ce qu’on appelle l’école doctorale. Mais, depuis 2012-2013 jusqu’à aujourd’hui, il n’y a aucune école doctorale sérieuse qui fonctionne en Côte d’Ivoire et c’est un problème, parce que l’école doctorale renvoi un peu à l’ancien système de DEA. Sur 20 personnes qui font la Maîtrise de recherche, on peut prendre 4 ou 6 en DEA, or maintenant, s’ils sont 100 à faire le Master 2 de recherche, les 100 font le Doctorat après la soutenance. Cela pose problème. »
Pour terminer, le docteur Gouledei Jean Alda a tenu à faire un plaidoyer à l’endroit du Président de la République en ces termes :
« Nous savons que le Président aime tout le monde, il aime ceux qui travaillent bien. Il est le père de la nation, et, il sait, parce qu’il est Docteur comme nous, les souffrances qu’on endure pour être Docteur. Il sait, le sacrifice qu’on consent pour être Docteur, il sait le poids du Doctorat, il sait la valeur du Diplôme, donc nous pensons qu’il ne restera pas là, les yeux fermés, il ne restera pas là, le cœur fermé, il ne peut pas rester là, sans trouver une solution à notre problème. C’est pourquoi, dès le début, nous avons porté nos sollicitations vers lui. C’est lui seul qui peut nous sauver. »
Amy KOUADIO
