CONFÉRENCE DE PRESSE DE ACI DU 02 SEPTEMBRE 2021 SUR L’ACTUALITE SOCIOPOLITIQUE
3ème numéro de « REGARD SUR L’ACTUALITE »
Chers amis de la Presse,
Chers compatriotes,
Nous sommes aujourd’hui au 3ème numéro de notre conférence mensuelle dénommée « Regard sur l’actualité », conférence au cours de laquelle nous nous prononçons sur les points saillants de l’actualité du pays pour faire nos propositions.
Notre intervention va porter sur quatre (4) points :
– La situation des droits de l’homme
– La cherté de la vie
– La réconciliation et
– Les projets à court terme de ACI.
I- LA SITUATION DES DROITS DE L’HOMME
La situation des droits de l’homme est très préoccupante en ce moment. En effet, nous faisons face à de nombreuses injustices au plan politique, social et moral.
Au plan politique, nous dénonçons les détentions prolongées et arbitraires suivantes :
– Les prisonniers du « NON au 3ème mandat » et ceux de la désobéissance civile arrêtés pendant la crise électorale de 2020, sont victimes de la pratique du « deux poids, deux mesures » par la justice ivoirienne. En effet, non seulement tous les leaders qui ont lancés des mots d’ordre sont en liberté, mais une partie de ceux qui ont obéi sont encore en détention préventive depuis près d’un an. Pour ce qui est des membres de la société civile, précisément de la COCSU, ils sont au nombre de neuf (9) personnes et ce sont : Dogo Gnato Ange, Sea Kei Gnoncé, Loukou Kouamé Charles, Toha Maxime, Bah Monhesso Julien, Tra Bi Serge, Zia Mahan Julien, Kessé Jérôme et Péhé Toussaint.
– Par ailleurs, neuf (9) prisonniers de la même crise électorale de 2020, qui ont été jugés et condamnés, ont bénéficié le 06 août 2021 d’un décret du Chef de l’Etat ordonnant leur libération. Trois (3) d’entre eux ont été effectivement libérés le 19 août 2021, en raison d’être arrivés à la fin de leur peine, mais les six (6) autres sont encore en détention et on ne comprend pas pourquoi l’émission de leur billet de sortie traine. Ce sont : Aguehy Bonny Guy Joel Wilfried, Fahé Imao Boris, Koudou Landry, Topé Gneba Guy Mermoz, Soro Kafana et Yao Tato Rostand.
– Ensuite, nous revenons sur la situation de ceux qui ont été arrêté dans l’attaque de Ndotré au mois d’avril 2021. Nous ne saurions cautionner toute tentative de déstabilisation, mais les prisonniers ont aussi des droits. Nous ne comprenons donc pas comment des personnes mises en détention préventive à la MACA le 28 avril 2021, peuvent être se retrouver dans des gendarmeries sans l’assistance d’un avocat et sans explication. Ces personnes dont nous ne maitrisons pas le nombre mais dont nous connaissons deux (2) notamment un couple issu de la société civile, sont dans une situation qui mérite clarification et régularisation. Nous demandons donc que la lumière soit faite sur leur situation et que ces détenus soient traités selon les procédures normales.
– Il y a également le cas de Koua Justin que nous décrions. Nous aimerions qu’il soit libéré car d’après ses avocats, son dossier est vide. Nous ne comprenons pas pourquoi il n’a pas été libérés le 06 août au même titre que les autres prisonniers de la crise électorale.
– Enfin, nous venons plaider pour les prisonniers de la crise postélectorale de 2010. Il n’est pas normal que le Président Gbagbo soit acquitté et que ces pères de famille soient encore maintenus en détention après plus de 10 ans de peine. Au nom de la réconciliation, nous demandons la clémence du Chef de l’Etat.
Au plan social les violations des droits sont plusieurs ordres :
– Nous avons la violation de la convention 87 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical et également celle des dispositions du code du travail ivoirien issu de la loi 2015-532 du 20 juillet 2015, par des entrepreneurs, particulièrement, ceux des entreprises de sécurité privée, des entreprises de salubrité, de nombreuses entreprises en zones industrielles et des établissements d’enseignement privé. En effet, nous avons reçu plusieurs plaintes de syndicalistes abusivement licenciés pour avoir revendiqué leurs droits. Non seulement certaines entreprises refuse la liberté syndicale, mais elle pratique des abus en ne respectant pas les normes de protection sociale des travailleurs. C’est le lieu donc d’interpeller ces entreprises dont Eco-eburnie, la plus grande entreprise de salubrité, de même que l’inspection du travail, la direction générale du travail, les centrales syndicale et le BIT. Très bientôt, nous adresserons des courriers à tous ceux qui devraient se saisir de ce problème qui persécute de façon abusive plusieurs chefs de famille.
– Nous avons également, au plan social, le problème des déguerpissements abusifs qui sont récurrents et se posent bizarrement chaque année toujours en saison pluvieuse et/ou à la veille de la rentrée scolaire. C’est à croire que ces déguerpissements visent à détruire des familles entières sans état d’âme. En matière de déguerpissement, il existe des procédures de sauvegarde environnementale et sociale connues des structures de l’Etat en charge des déplacements de populations. Comment se fait-il que pour la énième fois nous assistions à des abus en matière déguerpissement ? Comment des populations recensées peuvent-elles avoir leurs habitations et commerces détruits sans dédommagement et sans préavis ? Comment peut-on encore commettre l’erreur de détruire des habitations non concernées ? La vie des ivoiriens a-t-elle si peu de valeur aux yeux de nos gouvernants ? Nous parlons ici des déguerpis du projet de métro d’Abidjan récemment sinistrés à Abobo. Le choc a occasionné deux (2) morts selon les témoignages et ce sont des centaines de familles qui sont plongées dans le désarroi avec toutes les conséquences liées à la dislocation de ces familles, de surcroit à la veille de la rentrée. Nous demandons au gouvernement d’arrêter de construire des infrastructures au détriment des familles installées dans l’emprise de ces projets. On trouve des milliards pour financer ces projets, mais on ne peut pas trouver les moyens d’effectuer des déplacements de populations selon les règles de l’art, alors que le Chef de l’Etat dans son discours du 06 août 2021 a promis renforcer le programme social du gouvernement. De grâce respectez la dignité de nos concitoyens et arrêtez de les fragiliser en les déstabilisant avec des projets dits de développement.
Sur la question des droits de l’homme, nous ne saurions terminer sans évoquer deux scandales récents ; l’un relatif à des fraudes sur les exonérations douanières des parlementaires, et l’autre portant sur l’apologie du viol par la chaîne de télévision NCI.
En ce qui concerne le cas des fraudes sur les exonérations douanières des parlementaires, il nous semble évident que Monsieur Al Moustapha a certainement bénéficié de la complicité de certains sénateurs. Nous pensons donc que la justice devrait faire son travail jusqu’au bout en menant des enquêtes approfondies pour sanctionner les sénateurs et tous les autres acteurs impliqués dans l’affaire. C’est quand même malheureux que des personnes dont la mission est de légiférer et de contrôler le Gouvernement soit de moralité douteuse. C’est l’occasion pour nous d’exiger que cette institution budgétivore et non indispensable soit supprimée pour que l’argent du contribuable qui leur est dédié serve à investir dans les secteurs socioéconomiques. Cette affaire met en jeu la crédibilité de la justice qui devrait lever l’immunité de ces sénateurs pour les soumettre à la rigueur de la loi.
Par rapport au scandale créé par la chaîne de télévision NCI le 30 août avec une odieuse mise en scène de viol sur son plateau, doublée de propos indécents et vicieux prononcés par l’animateur Yves de Mbella, nous pensons que NCI a fait la démonstration de sa caution à la dépravation des mœurs puisque l’animateur n’est pas le seul responsable de ce spectacle affligeant qui justifiait le viol et a fait la promotion de la médiocrité. Il a fallu que le contenu de l’émission soit validé par toute l’équipe de production, conformément à la ligne de NCI. Par ailleurs, la mise en scène avec le mannequin démontre la complicité de l’équipe de production puisque l’objectif pour lequel le mannequin a été installé a certainement été décliné. Par conséquent, cette chaîne de télévision ne bénéficie d’aucune excuse et la Haute Autorité pour la Communication Audiovisuelle (HACA) devrait prendre ses responsabilités en la suspendant entièrement pour un temps comme elle le fait pour la presse écrite. Par ailleurs, nous estimons que le violeur est moins coupable que les organisateurs du viol donc nous ne comprenons pas pourquoi sa peine est plus lourde que celle l’animateur, et pourquoi c’est seulement ces deux (2) là qui ont comparu ? C’est pour cela que ACI demande une enquête approfondie pour sanctionner tous ceux qui ont participé à la décision du contenu de cette émission, depuis l’équipe de production jusqu’à la personne qui a proposé le violeur et recruté le violeur pour participer à cette émission.
ACI poursuivra la lutte pour le respect des droits humains en Côte d’Ivoire tant que l’Etat de droit ne sera pas effectif. Nous invitons donc tous ceux qui sont victimes d’injustice et d’abus à ne pas hésiter à nous saisir.
II- LA CHERTÉ DE LA VIE
Relativement à la cherté de la vie, ACI est engagé dans une dynamique constructive en cherchant à comprendre tous les tenants et aboutissants du problème, avant de faire des propositions concrètes plus efficaces, bien que nous ayons fait des premières propositions au début de ce combat contre la vie chère.
Après avoir échangé avec les associations de consommateurs, nous sommes actuellement entrain de travailler avec la Fédération nationale des Acteurs du Commerce de Côte d’Ivoire (FENACCI), avec à sa tête Monsieur Farikou Soumahoro. En effet, les commerçants sont parfois au banc des accusés alors que tout ne dépend pas d’eux seuls. Il est par conséquent important de comprendre les réalités de chaque filière avant de faire des propositions pertinentes. Nous vous reviendrons donc sur ce sujet à notre prochaine conférence.
Néanmoins, nous tenons à relever certains faits récurrents d’abus envers les consommateurs que nous sommes, par les sociétés de téléphonie, la SODECI et la CIE, de même que les transporteurs.
En ce qui concerne les sociétés de téléphonie, elles abusent de nous à plus d’un titre. Non seulement, en dehors de Moov-CI, elles ne nous signalent pas systématiquement notre consommation et les reste de crédit après chaque appel comme cela s’observe dans certains pays comme le Ghana voisin, mais toutes les sociétés de téléphonie nous abonnent sans notre consentement à divers produits. Non seulement cela nous vaut des désagréments avec des prélèvements automatiques mais certains désabonnements sont quasi-impossibles. Nous prendrons des dispositions pour lutter contre ces abus dans les jours à venir si ces pratiques se poursuivent.
Pour ce qui est de la CIE et la SODECI, elles abusent de leur situation de monopole en changeant les compteurs des clients sans leur consentement et en nous servant des factures exorbitantes que nous sommes obligés de payer de peur de ne plus être servis. Nous sommes entrain de recueillir des témoignages pour essayer de régler définitivement ce problème.
Enfin, les transporteurs font vivre le calvaire aux usagers du transport en commun en changeant les coûts du transport de façon désordonnée. Nous notons le fait qu’ils obligent les usagers à décomposer aux heures de pointe, et ce sur toutes les lignes. Cela n’est évidemment pas à la portée de toutes les bourses. Ensuite nous avons noté que le transport a augmenté entre Abidjan et certaines villes, sans qu’il y ait eu une augmentation du carburant. Après Bonoua, ce sont les transporteurs de Dabou qui ont augmenté le transport récemment de 500 F à 1000 F. C’est une façon indirecte de contribuer à la cherté de la vie car Dabou étant une ville dortoir, ce sont les nombreux travailleurs qui viennent de Dabou qui voient leur transport augmenter du simple au double, mais tous les produits en provenance de Dabou risquent également de subir une augmentation.
III- LA RÉCONCILIATION
La réconciliation est une exigence pour la Côte-d’Ivoire. ACI a donc décidé d’apporter sa contribution à travers un programme qui se décline en 10 projets. Le lancement de ce programme est prévu pour le 15 novembre sous le co-parrainage de nos trois Présidents ; le Président de la République, le Président Henri Konan Bédié et le Président Laurent Gbagbo.
Nous leur avons adressé des courriers et nous sommes dans l’attente d’être reçu pour échanger avec eux à ce sujet.
Nous remercions la Direction exécutive du RHDP qui nous a reçu une première fois le mardi 31 août 2021 avec la majorité des membres de la direction dirigée par le Directeur exécutif adjoint, le Professeur Justin Koffi. Les échanges ont été fructueux et nous croyons en la volonté du RHDP à participer au processus.
Nous attendons la réponse du Président Henri Konan Bédié et du Président Laurent Gbagbo. Nous ne doutons pas de leur volonté de contribuer avec la société civile à la recherche de la paix. Nous profitons de l’occasion pour adresser nos condoléances au Président Bédié pour la perte récente de son frère.
IV- LES PROJETS À COURT TERME DE ACI
Au chapitre des projets à court terme de ACI. Nous confirmons la tenue de l’Assemblée générale élective de ACI ce samedi 11 septembre, à la salle de conférence de l’INADES formation à Cocody.
Tous les membres de ACI sont priés de prendre contact avec le SG et de prendre leurs dispositions pour participer à la réunion du mercredi 08 septembre prochain à 12h au siège de ACI.
Nous remercions tous les nouveaux adhérents et encourageons tous ceux qui sont intéressés à se rapprocher de notre Secrétaire général.
Je vous remercie.
Pour ACI
La Présidente.