Abidjan- Cocody , le mardi 25 octobre 2016 s’est tenu une conférence de presse animé par le président du Front Citoyen pour le Renouveau (FCR) Dr Yéo Kanabein Oumar.
Voici comme suite l’intégralité de son Discours :
Ivoiriennes, Ivoiriens, très chers concitoyens, c’est avec de désolation que le Front Citoyen pour le Renouveau observe la division des filles et fils de la Côte d’Ivoire autour d’un sujet qui aurait dû les rassembler. En général, l’élaboration d’une nouvelle constitution pour un pays, est l’occasion donnée aux différentes composantes et forces de travailler en synergie : opposition, partis au pouvoir, société civile etc…
C’est l’occasion des débats contradictoires, empreints de vérités, où le consensus conduit toujours au juste milieu et à la mesure à cause du compromis des uns et des autres au nom de l’intérêt supérieur de la nation. Fort malheureusement, c’est loin d’être le cas dans notre pays dont la classe politique devrait pourtant tirer les leçons des crises militaro-politiques récentes qui ont défigurées ce beau pays.
1-Que pense le Front Citoyen pour le Renouveau du projet de nouvelle constitution ?
Une autre promesse non tenue
Plutôt que de tenir la promesse faite aux ivoiriens de réviser la constitution ivoirienne, le chef de l’Etat a engagé la réécriture d’une autre. Cette autre tromperie du peuple ivoirien vient s’ajouter aux nombreuses promesses non tenue du président de la république.
Une procédure non consensuelle et non inclusive
En 2000, sous un régime de transition militaire pour doter le pays d’une nouvelle constitution, bien que pressé par le temps, le gouvernement avait mis en place une Commission Consultative Constitutionnelle Electorale regroupant tous les représentants de toutes les couches socio-professionnelles et politiques du pays. Aujourd’hui, loin de la décennie de crises et de guerres militaro-politiques, alors que rien n’urge le peuple n’est pas associé aux réflexions. On préfère plutôt nommer un comité dit d’experts constitué d’amis et proches.
La célérité avec laquelle on impose une constitution aux ivoiriens
Il faut reconnaître franchement que les choses se font avec une célérité déconcertante. Qu’est-ce qui fait courir ainsi la coalition au pouvoir. Personne ne savait ce que préparaient lesdits experts à part le président de la république et son principal allié du RHDP. Et, puis hop, voilà l’avant-projet. ..Puis hop, le gouvernement le valide
en moins d’une semaine. Et encore hop, c’est le tour du parlement qui en quatre jours valide le aussi. Ensuite hop, le peuple a une semaine de campagne pour voter. Et hop, au soir du 30 Octobre 2016 la côte d’Ivoire aura sa constitution émergente. Et, le très puissant président promulgue la nouvelle constitution et enfin hop voilà la 3ème république moderne, émergente, et stable de Côte d’Ivoire.
C’est vraiment très regrettable que nos dirigeants politiques continuent de ruser avec des populations.
Vers l’instauration d’un régime ultra-présidentialiste
Pourquoi passer d’un régime présidentialiste à un régime ultra-présidentialiste ? La nouvelle constitution si elle était adoptée consacrerait un exécutif à trois têtes en Côte d’Ivoire. Présidence, Vice-Présidence et Primature pourquoi ? La Présidence de la République et la Primature ne coûtent-elles pas suffisamment chères au contribuable ivoirien ?
Vice-Présidence et sénat : deux institutions inutiles et budgétivores
Une Vice-Présidence pour qui pour quoi ?
En plus de 55 ans d’indépendance, notre pays n’a jamais eu de problème nécessitant la création d’une Vice-Présidence. En quoi est-ce que la création d’une telle institution va résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les ivoiriens ? Nul n’est dupe. La vice-présidence est créée pour le PDCI ou le RDR dans l’optique du partage du pouvoir. Et, pourquoi ? -Pour gaspiller une part importante du budget de l’Etat.
Un sénat pour quoi faire
Alors que l’efficacité consiste à réduire la bureaucratie pesante et les charges de l’Etat, la coalition au pouvoir engage la Côte d’Ivoire à contresens du progrès. Si comparaison n’est pas raison, notons néanmoins que le Sénégal, un pays icône de démocratie, après avoir fait l’expérience du sénat en tant qu’institution à côté de l’Assemblée Nationale a fini par supprimer cette institution jugée inopérante et onéreuse. Or, c’est maintenant que chez nous que des visionnaires voient sa nécessité.
Un sénat avec un tiers de ces sénateurs nommés par l’exécutif pour biaiser les débats et les votes des législateurs. Un sénat pour une fois encore gaspiller l’argent du contribuable ivoirien et alourdir la masse budgétaire d’un pays qui ploie déjà sous le poids des dettes intérieures et extérieures. Financer un sénat sans fonction réelle et laisser nos hôpitaux et nos écoles sans équipements, nos jeunes sans emploi, nos fonctionnaires sous-payés et nos retraités avec des pensions dérisoires ? Quel choix !
Une reculade au niveau démocratique
Avec les pouvoirs du chef de l’Etat, la 3ème république pourrait se passer des pouvoirs législatifs et judiciaires. En effet, le Président de la République qui était déjà très fort dans l’ancienne constitution, voit ses pouvoirs encore renforcés.
Et puis… le Président de la République peut aussi être responsable d’un parti politique
« Les fonctions de Président de la République sont incompatibles avec l‘exercice de tout mandat parlementaire, de tout emploi public et de toute activité professionnelle.»
La levée de la limite d’âge est un mauvais signal à l’endroit des jeunes
Les promoteurs de l’émergence trouvent qu’il est normal de fixer un âge de retraite pour toutes les fonctions, sauf pour la fonction présidentielle. Ils soutiennent que le jeune de 25, de 30 ou encore de 34 ans est inapte à gouverner, alors que le vieillard de
89 ou de 99 ou encore de plus de 111 ans peut le faire. Quelle incohérence !
Le mépris de certains ivoiriens et la politique de la division pour régner
Certains parlent de leur revanche sur l’histoire. En quoi est-ce que l’adoption d’une constitution devrait être la revanche d’un parti politique en l’occurrence le PDCI puisque c’est un de leur cadre, ministre d’état qui parle ainsi ? Un autre membre du comité d’« experts » voulant justifier le tiers des sénateurs nommés, dit : « Nous voulons trouver du travail pour toutes ces compétences qui sont à la retraite …». Ce que nous lui répondons : « Combien de travail avez-vous trouvé pour tous ces compétents qui n’ont jamais travaillés ? -Tous ces jeunes diplômés et qualifiés qui sont en chômage ?
Manifestement, en Côte d’Ivoire les gouvernants continuent avec la tromperie et le mépris de l’autre. Franchement, en quoi est-ce que celui qui s’oppose à la nouvelle constitution est partisan de l’ivoirité, de la guerre, ou de l’instabilité ?
Un référendum à deux bulletins et aux couleurs qui stigmatisent
Les raisons avancées pour écarter le bulletin unique sont aussi très ridicules qu’insultantes pour les ivoiriens. Le choix des couleurs des bulletins vise à mépriser et à stigmatiser certains. Pourquoi le vert pour les partisans du « oui » et le rouge pour ceux du «non » ? -Le vert pour dire que ce sont ceux qui veulent que la Côte d’Ivoire continue sa marche vers l’avant et le rouge pour dire que les autres veulent arrêter la marche de ce pays. Le vert pour dire la vitalité et le rouge pour signifier le sang et le danger ? Cette façon de présenter les choses est tout simplement pathétique.
2– Que faut-il faire eu égard cette farce politique? Le boycott est-il la solution ?
Non. Le boycott est inefficace car il n’est justement pas la bonne réponse à apporter. Qu’est-ce que les différents boycotts ont donné depuis toujours dans notre pays, à part consacré et légaliser les forfaits démocratiques. Après le boycott actif de 1995, n’eut été le coup d’état de 1999, l’opposition s’était faite harakiri. Après le boycott des élections législatives de 2000, le RDR était en train de mourir n’eut été la rébellion de
2002 qui la remise sur scène avec les accords de Linas-Marcoussis. Où en sommes- nous aujourd’hui, après le boycott des élections législatives dernières par le FPI ?
Le boycott électoral jusqu’à présent n’est pas la solution idoine. Au contraire le boycott est une mauvaise solution apportée à un vrai problème de démocratie.
Ils disent boycotter pour ne pas que le taux de participation soit élevé. Ce que nous leur répondons est ceci : -celui qui est capable de tricher pour gonfler son score n’est- il pas capable de tricher aussi sur le taux de participation ?
Ils disent opter pour le boycott car le président a déjà tout verrouillé et gagné d’avance. Je suis d’avis avec eux que le président puisse verrouiller la CEI, son Comité d’Experts, le gouvernement, le RDDP, et même le Conseil Constitutionnel. Mais je ne suis pas d’avis qu’il puisse verrouiller mon vote et celui du peuple de Côte d’Ivoire. Vous pensez sérieusement que si le peuple dans sa large majorité se mobilise pour aller voter « non », que le chef de l’état oserait présenter le contraire ? Le penser, c’est leur donner trop de pouvoir.
La meilleure réponse est d’aller massivement voter « non »
Nous ne sommes pas de ceux qui perdent un combat avant de l’avoir commencé. Nous ne sommes pas de ceux qui pensent que c’est fini, le pays est pourri et qu’on ne peut rien y changer. Nous ne sommes pas de ceux qu’on veut contraindre à fuir les urnes (véritable exercice démocratique). Nous ne sommes pas de ceux qu’on veut contraindre à recourir toujours à la violence et à la rue.
Quand on n’est pas d’accord, on dit « non ». Nous ne voulons pas de cette constitution, c’est pour cela que par responsabilité, nous disons « non ». Appelons les populations ivoiriennes de tous les âges, de tous les partis politiques et de toutes les régions et religions d’aller voter massivement « NON » le 30 Octobre prochain.
Ivoirienne, ivoirien, très cher concitoyen, pour la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui et de demain, viens voter «NON » ; l’histoire le retiendra et le temps te donnera la victoire.
Je vous remercie.
